Le tribunal de commerce de Niort a examiné ce mercredi 12 février le sort de l'entreprise Mia Electric. Il a placé l'entreprise basée à Cerizay dans le nord des Deux-Sèvres en redressement judiciaire avec une période d'observation de six mois, jusqu'au 12 août 2014.
Un administrateur judiciaire a été nommé. Le constructeur de voitures électriques, Mia Electric (ex-Heuliez) emploie 200 salariés dans son usine de Cerizay.
L'entreprise est confrontée à d'importantes difficultés financières depuis longtemps. La chaîne de fabrication est stoppée faute de matières premières depuis plusieurs mois. Lors de la reprise de l'entreprise en juin 2013, la nouvelle dirigeante, Michelle Boos avait pourtant promis d'injecter 36 millions d'euros sur 3 ans mais Mia Electric a toujours cruellement besoin d'argent.
Au point que, depuis la fin de l'année 2013, les salariés sont amenés à déposer des référés devant les tribunaux de prud'hommes pour obtenir le paiement de leurs salaires.
Les chaînes de production à l'arrêt car les fournisseurs ne sont pas payés.
Mia Electric, du nom de la voiture 100 % électrique construite sur les chaînes de l'usine, a été fondée en 2010 en reprenant une partie des effectifs et du savoir faire de la branche électrique d'Heuliez. Elle appartenait jusqu'en juin aux groupes allemands ConEnergy et Kohl, mais ses objectifs de vente n'ayant pas été atteints, elle avait alors frôlé la liquidation judiciaire.En 2013, Focus Asia Gmbh avec à sa tête Michelle Boos est devenu l'actionnaire majoritaire (88% des parts) et a entrepris une nouvelle démarche commerciale notamment en baissant le prix de vente de la Mia. Mais les ventes n'ont jamais décollé et aujourd'hui la production est stoppée.
Selon le syndicaliste CFE-CGC Christophe Klein, depuis la mi-décembre, aucune voiture n'est sortie de la chaîne de montage, qui est à l'arrêt, dans l'attente de pièces que les fournisseurs refusent de livrer.
"On ne vend plus de voitures depuis deux mois", a-t-il déploré mercredi matin, en attendant la décision du tribunal. "Je n'ai jamais connu ça".
La présidente de Mia Electric avait été convoquée le 22 janvier dernier par le tribunal de commerce de Niort pour s'expliquer sur la situation financière de l'entreprise.
Ségolène Royal et les syndicats satisfaits de cette société
Les représentants des syndicats présents devant le tribunal de commerce de Niort ont pour leur part exprimé leur satisfaction face à cette décision.La Région Poitou-Charentes est actionnaire de la société à hauteur de 12 %, et il y a quelques jours, Ségolène Royal avait évoqué pour la première fois la nécessité de trouver de nouveaux partenaires à l'entreprise.
Aujourd'hui, la présidente de Région, jointe par téléphone, a estimé que la mise en redressement judiciaire prononcée ce matin, constituait "la moins mauvaise solution" et que cela allait permettre à Mia Electric de se redresser. Le délai d'observation de 6 mois "va permettre de remettre à plat les comptes de l'entreprise" a ajouté Ségolène Royal. Il va être demandé à Michelle Boos de remplir ses obligations, c'est-à-dire de réaliser les investissements promis et de payer les salaires.
"Gardez vous votre confiance à Michelle Boos ?
A cette question, la présidente de Région affirme conserver cette confiance car " je garde confiance dans l'entreprise. Des commandes ont été passées (La Poste, EDF...), des commandes de plusieurs centaines de voitures doivent être honorées. Je crois en la voiture électrique 100% française qui est en avance sur son temps". "On est au milieu du gué. Nous allons chercher des investisseurs pour rentrer dans le capital de l'entreprise au bout de ces six mois. Soit pour être partenaires soit pour prendre la place de Michelle Boos."
Pour Ségolène Royal, "ces six mois d'observation demandés par le tribunal de commerce vont "permettre de savoir pourquoi l'entreprise n'a plus les moyens de payer ses fournisseurs et les salaires."
Plus d'informations et les réactions dans le reportage de Frédéric Cartaud et Cédric Cottaz