Montebourg, électron incommode de la famille socialiste, a longtemps été proche de de la ministre de l'Ecologie et du Développement durable. Il portait la parole de Ségolène Royal pendant la campagne de l'élection présidentielle de 2007.
Le bouillant ministre de l'Economie, du Redressement productif et du Numérique, connu pour ses talents de tribun, a été sévèrement rappelé à l'ordre dimanche par l'entourage de Manuel Valls pour ses propos très critiques contre la ligne économique du gouvernement.Ce n'est pas la première fois que cet avocat de métier agace au sein de son propre camp. Au PS, certains critiquent depuis longtemps ce "prêcheur de morale", ses "outrances dans l'attaque". Et l'opposition n'est pas tendre avec celui qui doit éviter de voir son mandat ministériel se réduire à gérer les fermetures d'usines. "Il s'exprime avec tellement d'arrogance, donnant des leçons à la terre entière...", a estimé François Fillon.
Arnaud Montebourg avait assuré en juin dernier "être bien" au sein du gouvernement, après un article du Nouvel Observateur lui prêtant l'intention d'une prochaine démission. "Il y a beaucoup de gens qui veulent que je démissionne et depuis longtemps", avait-il ironisé, attribuant ces rumeurs "à tous ceux" que son interventionnisme agace.
En 2011, il a comparé la chancelière allemande Angela Merkel à l'autoritaire chancelier prussien Bismarck. "Bruxelles ? Des connards", a-t-il affirmé au Monde magazine en 2013. Il s'est vanté d'en "avoir mis une" à Lakshmi Mittal, patron du géant sidérurgique, ArcelorMittal. Il explosa un jour devant l'ex Premier ministre Jean-Marc Ayrault alors que ce dernier écartait l'idée d'une nationalisation des hauts-fourneaux en Lorraine: "Tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes".
Né le 30 octobre 1962 à Clamecy (Nièvre), ce grand admirateur de Gambetta, fils d'un boucher et d'une professeure aux origines algériennes, se fait connaître comme avocat en menant bataille contre Alain Juppé dans l'affaire de son appartement de la Ville de Paris en 1995. Militant actif du PS depuis 1981, élu député de Saône-et-Loire en 1997 (puis président du conseil général en 2008), il tente en vain, en 2001, en pleine cohabitation, de faire comparaître Jacques Chirac devant la Haute cour de justice.
Avec Vincent Peillon, il fonde le Nouveau Parti socialiste (NPS). Leur courant obtient près de 17% des voix au Congrès de Dijon de 2003, avec un mot d'ordre : la VIe République, et plus de pouvoir au Parlement. Il vote "non" à la Constitution européenne en 2005. Porte-parole pour la présidentielle 2007 de Ségolène Royal, il est suspendu un mois de... parole : il a dit que le seul défaut de la candidate socialiste était son compagnon, un certain François Hollande. C'est lui aussi qui surnomma le président actuel de "Flanby".
Depuis 2012, il a endossé, avec un certain succès, au moins médiatique, la marinière pour soutenir le "made in France" et a enfilé le costume-cravate de ministre pour défendre avec fougue l'industrie nationale. Il a ainsi pris fait et cause pour les industriels dans le débat brûlant sur le gaz de schiste, s'attirant les foudres des écologistes.