La démission du gouvernement de Manuel Valls est intervenue en début de matinée. Il a été immédiatement chargé par le Président de la République de composer un nouveau gouvernement pour demain mardi. C'est la conséquence des déclarations critiques d'Arnaud Montebourg.
En Aquitaine, les réactions à gauche vont plutôt dans le sens de ce remaniement. Et si pour l'instant Alain Rousset n'a pas souhaité réagir, Philippe Madrelle estime lui qu'"Hollande doit être ferme et Valls aussi".
Michèle Delaunay, députée socialiste de Gironde et ancienne ministre aux personnes âgées du gouvernement Ayrault, était l'invitée du journal. Elle s'est aussi exprimée sur ce moment difficile pour la gauche : "François Hollande a pris la bonne décision". "Les Français n'acceptent pas que l'on ait des enjeux politiciens dans cette période..." Elle a toutefois indiqué son estime pour Arnaud Montebourg mais que son désaccord avec Le Président ne lui permettait pas de poursuivre à cette fonction.
Par ailleurs, Michèle Delaunay a assuré qu'il n'y a pas pour elle d'hypothèse de participer à une nouvelle mouture du gouvernement de Manuel Valls...
Quant à Xavier Emmanuelli, c'est surtout la forme qu'il condamne chez Arnaud Montebourd ou Benoît Hamon : "Ils n'avaient qu'à ne pas accepter d'entrer au gouvernement..."
Rappel des faits
Samedi : début de criseC'est samedi que l'encore ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, dans une interview au Monde, estime qu'il faut "hausser le ton" vis-à-vis de l'Allemagne "prise au piège de la politique austéritaire". Comme il l'avait indiqué dans sa "feuille de route du redressement économique de la France", le 10 juillet, le ministre, qui organise le lendemain sa traditionnelle Fête de la Rose de Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), confirme qu'il veut défendre une "règle des +trois tiers" dans la répartition de l'effort d'économies voulu par le gouvernement, dont un tiers consacré aux ménages.A ce stade, il ne s'agit que de "propositions" faites au gouvernement, et il s'en remet à Manuel Valls, affirmant que "c'est à lui de décider", mais qu'il "est grand temps de réagir".
De son côté, interrogé à Moroni (Comores), François Hollande minimise la portée de ces propos : "Je souhaite que nous puissions convaincre nos partenaires européens de donner une priorité à la croissance. Tous ceux qui portent cette idée sont les bienvenus et c'est la position de tout le gouvernement".
Même son de cloche à Matignon, qui ne trouve" rien de choquant, rien de nouveau" dans l'interview de Montebourg. Petit tacle quand même: "le Premier ministre attend du ministre un engagement total sur la loi croissance et pouvoir d'achat". La question de la loyauté est posée, déjà.
Un dimanche "pas loin des frondeurs" du PS
Dimanche, dans une interview au Parisien, le ministre de l'Education Benoît Hamon - invité d'honneur de la Fête de la Rose - affirme que son collègue de l'Economie et lui ne sont "pas loin des frondeurs" du PS."La relance de la demande est la condition de la réussite de la politique de l'offre qui a été faite depuis deux ans. On ne peut rien vendre aux Français s'ils n'ont pas des revenus suffisants", dit-il.
A Frangy-en-Bresse, les deux ministres se retrouvent aux côtés de plusieurs députés "frondeurs" comme Christian Paul, Laurent Baumel ou Jérôme Guedj. Sous les applaudissements de plusieurs centaines de militants, Arnaud Montebourg, assume avoir demandé à François Hollande une "inflexion majeure de notre politique économique".
Visiblement satisfait des remous qu'il suscite, il se permet une petite provocation au passage : "Je vais lui envoyer une bonne bouteille de la +cuvée du redressement+ au président, hein!", référence aux quelque mille bouteilles mises en vente pour cette 42e édition.
Benoît Hamon reprend les mêmes arguments de fond que son ami contre l'austérité, mais tient aussi à afficher sa "loyauté" avec les deux têtes de l'exécutif.
A 19H17: coup de tonnerre, l'entourage de Manuel Valls déclare à l'AFP que Montebourg a "franchi une ligne jaune" et que par conséquent "le Premier ministre est décidé à agir". L'avenir d'Arnaud Montebourg à son poste paraît désormais des plus incertains.
Lundi : démission du gouvernement
Sur Europe 1, le ministre de l'Economie maintient ses critiques de la politique de François Hollande et Manuel Valls mais se défend de toute "infraction à la solidarité gouvernementale" car "les décisions ne sont pas prises" selon lui. Il indique qu'il ne se "place pas dans l'hypothèse" de partir du gouvernement.A 9H29: Un bref communiqué de l'Elysée arrive dans les rédactions : "Manuel Valls a présenté au président de la République la démission de son gouvernement. Le chef de l'Etat lui a demandé de constituer une équipe en cohérence avec les orientations qu'il a lui-même définies pour notre pays Sa composition sera annoncée dans la journée de mardi".