Un couple de Naintré dans la Vienne, a vécu l'enfer le 27 février 2010 dans sa maison de vacances à la Faute-sur-Mer en Vendée. Traumatisés mais saufs ils ont perdu leur maison. Ils font partie de la centaine de personnes victimes qui se sont constituées parties civiles dans le procès.
Le procès des responsabilités dans la mort de 29 personnes à la Faute-sur-Mer en Vendée lors de la tempête Xynthia, s'ouvre lundi aux Sables d'Olonne: parmi les prévenus figure l'ancien maire de la Faute-sur-Mer, René Marratier.Un mois d'audience pour une nuit d'horreur
Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, Xynthia avait provoqué la submersion d'une digue et inondé des dizaines de maisons, construites dans une zone qui aurait dû être classée rouge, donc inconstructible. Les victimes, principalement des retraités, qui ignoraient pour la plupart le danger qui les menaçait, ont péri noyées, surprises en pleine nuit par la montée des eaux, emprisonnées dans leurs maisons ou emportées par les torrents boueux.
"Nous attendons des réponses à nos questions", affirme Renaud Pinoit, président de l'association des victimes, l'Avif. "Pourquoi il y a eu 2,80 mètres d'eau dans certaines zones de La Faute? Pourquoi 29 morts dans un si petit secteur? Pourquoi nous n'avons pas été prévenus de cette tempête correctement?" Les victimes et leurs familles veulent "que ça ne se reproduise plus", affirme-t-il.
Sur ces terrains, des lotissements avaient poussé, sans tenir compte des mesures de précaution, voire d'interdiction que les autorités réclamaient depuis des années au maire de l'époque, René Marratier, élu de 1989 à mars 2014.
Ces terrains, dont certains appartenaient à sa première adjointe à l'urbanisme, Françoise Babin, étaient notamment commercialisés par le fils de celle-ci, Philippe Babin, propriétaire d'une agence immobilière et aussi président de l'association chargée de l'entretien et de la surveillance des digues submergées la nuit de la
catastrophe par la montée des eaux.
La plupart des maisons construites dans ces nouveaux lotissements l'ont été par les entreprises de Patrick Maslin, aussi conseiller municipal et membre de la commission urbanisme de la commune.
Ils sont tous les quatre poursuivis pour homicides involontaires aggravés et mise en danger d'autrui par violation manifestement délibérée d'une obligation réglementaire de sécurité ou de prudence. Ils encourent cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.
Ce procès doit avoir "une valeur exemplaire", souligne l'ancienne ministre Corinne Lepage, avocate de l'Avif et de 120 parties civiles. Les parties civiles "veulent que les choses soient dites", affirme-t-elle, tout en soulignant dans cette affaire
la "faiblesse de l'État", qui n'a pas su imposer à la commune des mesures pour éviter les constructions à risque.
Plus de 120 parties civiles sont attendues à ce procès prévu jusqu'au 17 octobre . Le jugement sera rendu le 12 décembre.
Anne-Marie Baillargé et Romek Gasiorowski ont recueilli le témoignage de Pierre Métais, victime de la tempête Xynthia.
Le département de la Charente-Maritime a aussi été touché. Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, 12 personnes ont perdu la vie en Charente-Maritime. A Aytré, près de La Rochelle, Boyard-Ville dans l'île d'oléron et à Charron où une grand-mère et ses deux petits-enfants ont été emportés par les eaux.