Pays basque : "Le processus de paix avance malgré l'immobilisme des Etats français et espagnol"

Depuis le cessez le feu de l'ETA il y a trois ans, la paix avance en pays basque. Hier, vendredi 24 octobre, un groupe d'élus et de syndicalistes a cosigné un document pour demander au gouvernement français de s'impliquer davantage dans la résolution du conflit.

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Le Britannique Raymond Kendall, ancien chef d'Interpol et expert du Groupe international de contact sur le Pays basque, a estimé vendredi 24 octobre que le processus de paix "avance", malgré "un arsenal assez important" encore caché par l'ETA, mais aussi "l'immobilisme" de Paris et Madrid. "Le processus de paix avance malgré l'immobilisme des Etats français et espagnol. Si ce n'était pas le cas, je ne serai pas là", a assuré à l'AFP M. Kendall, ex-secrétaire général d'Interpol, en visite à Saint-Sébastien puis Bayonne pour poursuivre un dialogue entre les parties vers un processus de paix, à la suite du cessez-le-feu déclaré par l'ETA en octobre 2011.

"Il ne faut pas oublier que le problème de fond est l'existence de l'ETA et son action. Depuis le cessez-le-feu par l'ETA, il y a trois ans, il n'y a plus eu de violences. C'était difficile à croire, car il y avait eu des tentatives (de cessez-le-feu) auparavant, toujours rompues par l'ETA", a rappelé l'expert indépendant, dont le "Groupe de contact" n'est pas reconnu par Madrid ou Paris.


"Deuxième donnée importante: lorsque l'ETA fait une déclaration, elle la met en pratique", a-t-il relevé. "En juillet, elle a annoncé qu'elle allait démanteler des structures qui favorisaient l'action violente, et souhaitait entrer dans un processus politique plus démocratique, c'est ce qui se traduit dans la réalité, selon nos vérificateurs", a-t-il révélé sans plus de détails. Le principal écueil, selon M. Kendall, est de créer un environnement pour que "l'ETA rende les armes".

"Dans tout processus de paix, il faut créer les conditions juridiques pour livrer les armes sans que les personnes qui le font ne soient inquiétées. L'Espagne ne veut pas créer ces conditions, et la France s'aligne sur elle. Or, ce n'est qu'avec la participation de l'Espagne et de la France que cette opération pourra se faire".


Selon lui, il existe "un arsenal assez important d'armes et d'explosifs caché du reste plus en France qu'en Espagne." Si les Etats français et espagnol restent sur une ligne "d'immobilisme", Raymond Kendall observe en revanche que de "part et d'autre de la frontière, un mouvement irréversible de la société civile  s'est levé en faveur du processus de paix."

A Bayonne, M. Kendall s'est rendu avec Brian Currin, avocat sud-africain lui aussi membre du Groupe du contact, auprès d'un groupe d'élus (UMP, PS, Centriste, MoDem, EELV, partis indépendantistes) et représentants syndicaux, qui se présentent comme "Groupe de dialogue" du "Pays basque de France". Ce groupe a communiqué en conférence de presse un document de propositions pour "une contribution positive au processus de paix", comme le rapprochement des prisonniers, les conditions de leur libération, une loi d'amnistie, et l'objectif "de doter le Pays Basque de France d'un cadre institutionnel spécifique". Selon Brian Currin, "ce document va être très regardé en Espagne et va montrer à la France le large consensus des différents partis, au-delà de tout clivage politique, pour une implication de l'Etat français."



Reportage d'Alexandre Perrin et Fabien Cordier

Avec Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne et Brian Currin, avocat sud-africain.

 

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