Les agriculteurs de la FNSEA, avec les Jeunes Agriculteurs et les Chambres d'agriculture, se mobilisent mercredi pour exprimer à nouveau leur lassitude, dans un climat explosif ravivé par le débat autour du barrage de Sivens.
Des actions sont prévues dans quasiment tous les départements, prenant différentes formes. Par exemple, des centaines de tracteurs sont attendus à Pau, tandis que les agriculteurs franciliens distribueront gratuitement des fruits et légumes place de la République à Paris. Dès la rentrée, le monde agricole n'a pas caché sa colère. Embargo russe sur les produits alimentaires, effondrement des cours des céréales, revenus en berne et élargissement de la directive nitrates, manque de compétitivité et empilement de contraintes rendent le travail des exploitants "impossible", selon les dirigeants du syndicat agricole.L'exaspération est allée jusqu'à l'incendie fin septembre d'un centre des impôts et de la Mutualité agricole à Morlaix dans le Finistère. Dépassée par sa base, la FNSEA a depuis tenté de reprendre l'initiative, multipliant les rendez-vous au plus haut niveau, jusqu'à Matignon, et portant huit revendications. Depuis, au moins deux d'entre elles sont tombées. Le gouvernement a enterré sine die l'écotaxe et le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a procédé au versement fin octobre par anticipation de 3,4 milliards d'euros d'aides de la Politique agricole commune (PAC).
Craintes de débordements
Mais il reste au moins deux points de rupture : la FNSEA et son allié Jeunes Agriculteurs ne veulent pas du "zonage directive nitrates tel qu'il est annoncé", et ils demandent par ailleurs aux collectivités et à l'État de montrer l'exemple en confectionnant en restauration collective au moins deux plats sur trois à partir de produits français. La dernière réglementation sur les nitrates (dérivés des engrais azotés) a fait basculer près de 4.000 communes et 63.000 exploitations dans l'illégalité et leur impose des investissements parfois coûteux pour limiter la pollution des eaux et une éventuellement prolifération d'algues vertes dans les eaux de surface.Le barrage de Sivens a ravivé l'exaspération : les agriculteurs craignent l'abandond'un projet destiné à irriguer des exploitations agricoles. Après la mort d'un militant écologiste lors d'une manifestation contre le barrage, le président de la FNSEA Xavier Beulin n'a pas hésité à traiter de "djihadistes verts" les opposants au projet. "Cette retenue d'eau, il faut la faire" car de nombreux agriculteurs sont confrontés à de véritables difficultés d'irrigation, a surenchéri lundi Dominique Barrau, secrétaire général.
A cet égard, les milieux agricoles suivront de près les éventuels arbitrages donnés mardi après une réunion des élus locaux et la ministre de l'Écologie Ségolène Royal. "Il pourrait y avoir des propos qui mettent le feu au poudre", craint Guy Vasseur. Dominique Barrau appelle d'ailleurs "au calme", rappelant qu'"une manifestation réussie, c'est une manifestation où la violence ne doit pas prendre le dessus".