Un an de Royal à l'Ecologie : de l'habileté et quelques couacs

Ministre à part en raison de son parcours, Ségolène Royal a démontré à la tête de l'Ecologie et de l'Energie une grande habileté pour déminer des dossiers sensibles comme Sivens ou l'avenir du nucléaire, sans s'épargner quelques recadrages.

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On a beaucoup avancé sur la loi de transition énergétique, d'abord parce qu'il y a la COP 21 (conférence climat) mais aussi grâce à la personnalité de Ségolène Royal".
Entourage de Manuel Valls.


Un an après l'arrivée au gouvernement de l'ancienne compagne de François Hollande et candidate à la présidentielle de 2007, le projet de loi, présenté par l'Elysée comme "l'un des textes les plus importants du quinquennat", n'a pas encore été définitivement voté. Mais Royal a su éviter un affrontement avec les écologistes, notamment sur le volet nucléaire, qui prévoit un plafonnement de la capacité au niveau actuel, sans plus de précision sur le chemin pour arriver à réduire à 50% la part de l'atome dans la production électrique.

"Un tour de force", selon un observateur des débats parlementaires. Le signe d'une capacité politique à gérer un fort enjeu. Primes à la conversion de vieux véhicules diesel, aides aux travaux de rénovation énergétique : la ministre, chantre de la "croissance verte", défend aussi à longueur d'interviews les mesures grand public du texte.

Blocage sur la fiscalité écologique

Pour Matthieu Orphelin de la Fondation Hulot, ce projet de loi et celui sur la biodiversité "seront les vrais marqueurs de son action". "C'est une ministre écoutée, avec une vision qui part du terrain, c'est intéressant". Mais son blocage sur la fiscalité écologique, sur la taxe carbone, par exemple,  "qu'elle assimile à de l'écologie punitive, est un problème", poursuit-il, à l'unisson de nombreuses ONG. Tout comme son positionnement contre l'écotaxe, qui a fortement pesé dans l'abandon de cette mesure.

Pour autant, la sphère environnementale lui sait gré d'avoir un poids qui manquait à ces trois prédécesseurs depuis 2012 (Nicole Bricq, Delphine Batho, Philippe Martin). "Elle a une carrure que d'autres n'avaient pas", souligne Allain Bougrain-Dubourg de la Ligue de la protection des oiseaux (LPO), qui juge toutefois "ambigu son éloge de l'écologie non punitive". "Il y a souvent un manque global d'ambition, d'imagination", regrette Sandrine Rousseau, porte-parole d'EELV.


Une place à part

Sur le projet de barrage de Sivens (Tarn), qui a viré au drame avec la mort d'un jeune opposant en octobre, Royal a désamorcé la situation devenue localement explosive en se posant en arbitre, même si le problème est loin d'être résolu. "Elle a dû porter des sujets très techniques, mais elle a mis sa popularité au service de l'Ecologie, elle s'investit, notamment dans le chantier sur la démocratie participative et sa liberté de parole peut dérouter mais elle plaît aussi", note Arnaud Gossement, avocat spécialisé dans l'environnement.

Aéroport de Notre-Dame-des-Landes, autoroute A831 entre Vendée et Charente-Maritime, tarifs des autoroutes, projet d'un nouveau Roland-Garros : sur ces sujets, Ségolène Royal a adopté une grande liberté, quitte à apparaître en décalage avec le Premier ministre, qui n'a pas hésité à la recadrer.

"Elle a clairement une place à part, elle est plus qu'un ministre, une sorte de vice-Premier ministre", estime un habitué des cabinets ministériels. En dépit des craintes exprimées à son arrivée, elle a affiché une loyauté entière envers Hollande et a gardé une ligne très digne pendant l'épisode de crise avec Valérie Trierweiler. 

"Compte tenu de son parcours, l'intégration dans un collectif n'était pas évidenteelle est plutôt réussie", juge Gilles Finchelstein de la Fondation Jean Jaurès. Pas un mot sur le budget de l'Ecologie, encore en recul, par exemple. Ni tout récemment contre Anne Hidalgo, maire de Paris, qui appelait publiquement à la mise en oeuvre de la circulation alternée pendant que le ministère de l'Ecologie refusait de se précipiter.

Rien non plus sur la conférence climat à Paris fin 2015 (COP21), pour laquelle elle n'a pas obtenu d'être l'égale de Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères restant le maître d'oeuvre de ce rendez-vous. Faute d'entente entre les deux ministres à Lima fin décembre, Royal était repartie plus tôt que prévu de la conférence onusienne.
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