La chasse au gaspi alimentaire sonne la mobilisation de toute la chaîne, des agriculteurs au consommateur, qui jette jusqu'à 30 kilos de nourriture par an. Mais les grandes surfaces aussi pourraient se voir imposer une "interdiction de jeter".
Lutter contre le gaspillage alimentaire, "c'est un vrai choix de société" pour Guillaume Garot, député PS de la Mayenne et ancien ministre chargé de l'agroalimentaire, qui vient de remettre un rapport sur le sujet aux ministres de l'Écologie, Ségolène Royal, et de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.L'alimentation n'est pas une marchandise comme les autres. Il faut tout faire pour ne plus jeter. C'est un scandale éthique et aussi une question de pouvoir d'achat".
Guillaume Garot
Dans son rapport, l'ancien ministre met en avant la responsabilité de chacun et affirme que le gaspillage concerne tous les acteurs de la chaîne alimentaire. Chaque Français jette en moyenne 20 à 30 kilos de nourriture par an, ce qui représente une somme de 12 à 20 milliards d'euros sur une année.
Javel interdite
Les mesures les plus fortes visent cependant la grande distribution pour qui le rapport réclame une stricte "interdiction de jeter", en critiquant notamment l'habitude de "javelliser" les denrées jetées pour les rendre impropres à la consommation, régulièrement dénoncée par les ONG. Guillaume Garot suggère notamment une meilleure gestion des stocks et des rayons anti-gaspillage, proposant des produits qui approchent de la date de péremption et vendus moins cher. Les grandes surfaces devront aller plus loin en passant des "conventions" avec des associations pour donner plutôt que jeter.Et si les denrées ne peuvent plus être consommées par les humains, le rapport préconise de créer de nouveaux circuits, vers l'alimentation animale ou la valorisation énergétique à travers la méthanisation. Du côté des producteurs, le rapport reconnaît que la part des agriculteurs dans le gaspillage alimentaire en France est "faible".
Une agence antigaspi
L'ancien ministre propose des outils de politique publique pour encourager ce changement de pratiques, dont la création d'une agence nationale contre le gaspillage alimentaire qui aiderait à "lever les verrous et les blocages administratifs". La Fédération du commerce et de la distribution (FCD) a réagi à ces propositions en rappelant que la grande distribution représentait une "très faible part du gaspillage", soit 5% selon les chiffres de la Commission européenne.Le groupe Carrefour a souligné de son côté avoir distribué l'équivalent de 77 millions de repas l'an dernier. Chez Auchan, on rappelle aussi que les 119 hypermarchés du groupe en France pratiquent déjà le don alimentaire quotidien auprès d'associations locales.