Massifs, violents, dégradants et souvent occultés, le harcèlement et les violences sexuelles dans les transports en commun doivent être reconnus et combattus par tous, usagers, opérateurs, collectivités. C'est ce que préconise le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh).
Les filles et les jeunes femmes sont les plus concernées
Chiffre éloquent, 100% des utilisatrices de transports en commun ont subi au moins une fois dans leur vie du harcèlement sexiste ou une agression sexuelle, rappelle le HCEfh dans un rapport destiné à lutter contre ces violences sexistes.Le harcèlement sexiste, qui se différencie de la simple "drague" ou de la flatterie, peut prendre des formes diverses, comme des sifflements, des commentaires sur le physique, non punis par la loi, ou des injures, punies par la loi, souvent méconnue. Saluant un rapport "de grande qualité", la ministre de la Santé Marisol Touraine a annoncé que "le gouvernement prendra(it) des mesures fortes d'ici quelques semaines parce qu'il n'est pas tolérable de ne pas pouvoir prendre un transport en commun sans être importunée".
Largement sous-estimées et "invisibles", ces agressions verbales ou physiques touchent particulièrement les filles et les jeunes femmes et doivent être reconnues comme une manifestation du sexisme.
Principalement dans les bus
Face à ce fléau, le Haut conseil recommande notamment d'adapter et de mieux faire connaître les numéros d'alerte comme celui de la SNCF (3117) ou les bornes d'urgence sur les quais, en mentionnant explicitement "les violences" comme motif de recours. Le "3117" pourrait être généralisé à l'ensemble des réseaux de transports, avec la possibilité d'envoyer des sms ou de télécharger des applications, préconise le rapport. Ce numéro pourrait aussi être inscrit sur tous les titres de transport.Autre piste : le HCEfh recommande aussi de former les professionnels concernés afin qu'ils sachent mieux réagir aux situations de harcèlement et orienter les victimes. Il préconise encore de mieux organiser les transports par bus (arrêts à la demande à proximité de la destination finale, amplitude horaire...), comme cela a été expérimenté au Canada, afin de sécuriser les personnes seules la nuit.
Deux tiers des usagers des transports publics sont des voyageuses et deux tiers des victimes d'injures et insultes sont des femmes, tout comme l'écrasante majorité des victimes de violences sexuelles. Ces violences sexistes et sexuelles faites aux femmes ont lieu principalement dans les bus et les bus scolaires sur l'ensemble du territoire. Les violences à l'encontre des hommes ont plutôt lieu dans les trains.