Après Dax et Pau, des médecins du CHU de Bordeaux démissionnent de leurs fonctions administratives

Quatorze responsables de service ont démissionné de leurs fonctions administratives, au CHU de Bordeaux, vendredi 14 février, pour protester contre la situation des hôpitaux publics.

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Vendredi 14 février, le collectif Inter Hôpitaux du CHU de Bordeaux a mis sa menace à exécution. Il a annoncé, dans une lettre adressée à la direction du CHU, la démission de quatorze responsables de service du CHU de Bordeaux. 

"Nous pensons que les contraintes imposées actuellement par les politiques successives depuis 15 ans, ne nous permettent plus d’exercer notre métier de soignant(e) correctement", annonce le communiqué.
 

Plus de fonctions administratives


Les médecins ont donc choisi de renoncer à leurs fonctions administratives, tout en conservant cependant leurs attributions en matière de soins, d'enseignement et de recherche. 

"Par cette démission collective de nos fonctions administratives, nous souhaitons vous interpeller, ainsi que la ministre Mme Buzyn, sur l’urgence d’un "Grenelle de l’Hôpital Public" avec des réformes en profondeur", précisent les quatorze médecins démissionnaires. 

"Il faut avouer que dans le fonctionnement actuel, ces démissions n’impactent pas l’institution. Ces démissions ouvrent cependant des discussions entre les démissionnaires et leur direction générale ce qui est un point positif", détaille Olivier Brissaud, chef du service réanimation et surveillance continue pédiatriques et néonatales au CHU de Bordeaux.
 
Une décision qui fait suite à une première lettre, où les membres du CHU de Bordeaux menaçaient de quitter leurs fonctions. "Nous sommes allés au bout de notre engagement, résume Olivier Brissaud. Nous espérons à Bordeaux que ces démissions donneront du courage à tous les membres aujourd’hui déclarés « sympathisants » du CIH Bordeaux de poursuivre les réunions de ce collectif."


600 millions d'euros


Depuis fin novembre, les chefs de service d'une dizaine d'hôpitaux en Nouvelle-Aquitaine ont donné leur démission. L'hôpital de Dax est l'un d'entre eux. Parmi ces chefs démissionnaires, François Lifermann. Il a quitté ses fonctions le 28 janvier.

"C'était un geste fort pour attirer l'attention sur nos revendications. Malheureusement, notre alerte a été peu entendue", regrette le chef du service de médecine interne et d'hématologie de Dax.

Revalorisation des salaires, 600 millions d'euros accordés à l'hôpital public, les requêtes de ces médecins sont celles des personnels hospitaliers en général. "Aujourd'hui, on nous demande une qualité de soins digne des premiers rangs mondiaux avec des moyens qui sont ceux du 28e rang de l'OCDE", explique François Lifermann. 
   

Peu audibles


Pourtant, malgré la mobilisation nationale, les médecins ne se sentent pas entendus. "Nous n'avons même pas eu de réponse de la direction, assène François Lifermann. Et au niveau national, on ne fait que combler les trous : on ne crée pas de poste."

Le chef de service avoue ne plus savoir comment mobiliser ses équipes. "Nos équipes sont en souffrance. On a juste envie de leur dire "arrêtez-vous", regrette François Lifermann.

"Nous n'avons pas beaucoup de leviers. En démissionnant, nous pouvons peut-être influencer les tarifications à l'activité qui allouent des fonds aux hôpitaux", explique le chef du service hématologie de Dax.

On a juste envie de leur dire "arrêtez-vous".
François Lifermann, chef de service hématologie et médecine interne à Dax

Même son de cloche à Bordeaux. Plus que la direction, Olivier Brissaud reproche aux autorités de faire la sourde oreille. "Nous avons observé une totale surdité du Ministère de la santé et du gouvernement face au cri lancé par l’ensemble des acteurs. Le point d’orgue est la démission de Madame Buzyn. Cette façon de faire nous montre à quel point nous sommes transparents aux yeux de nos tutelles nationales. Il s’agit bien d’une sorte de mépris".

Une situation qui se répercute jusque dans les formations. "Nous avons de plus en plus de mal à recruter des infirmiers ou des médecins, qui ne veulent pas de cette vie", avoue François Lifermann. 

Vendredi 14 février, de nombreux professionnels de la santé ont défilé pour "témoigner leur amour" pour l'hôpital public et leur vocation, en dépit de sa situation.

 
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