Adepte des messages courts sur les réseaux sociaux, le président du Limoges CSP s’est pour une fois fendu d’une très longue lettre, « ouverte à lui-même ». Entre flingage en règle, et, sinon acte de candidature, programme pour futur candidat aux instances du basket français !
On ne se demandera pas quelle, ou plutôt quelles mouches ont piqué Frédéric Forte, tant elles sont nombreuses et tant on s’en doute !
Mais sa réaction est surprenante à plus d’un titre : et par sa longueur, et par sa violence, certes feutrée, mouchetée serait plus juste, encore qu’il n’attaque pas au fleuret mais au sabre, et par ce qu’elle implique.
Partant des démêlés actuels entre l’Euroleague (EL) et la Basket-Ball Champion’s League (BCL), il étend sa réflexion au basket européen, au basket français et au sport professionnel en général, ciblant directement ou à demi-mots personnalités, clubs, institutions, sans y aller donc avec le dos de la cuiller, plutôt avec toute l’agressivité et la puissance d’un pivot massif, lui l’ancien meneur !
Les démêlés Euroleague/Champion’s League, et la position française donc, pour commencer
Frédéric Forte dénonce les atermoiements, les tergiversations et les revirements de la Ligue Nationale de Basket (LNB) à ce sujet, qui a finalement décidé de s’aligner sur la future BCL, labélisée Fédération Internationale de Basket(FIBA), contre l’EL (société privée), au nom de principes que, selon le président du CSP, la LNB ne respecterait elle-même pas dans ses compétitions !
Première charge contre le président de la LNB, Alain Béral (il est de notoriété publique que les deux hommes ne s’apprécient guère…) et, quand on sait lire entre les lignes, première charge aussi contre un club de l’est de la France, que le CSP a rencontré à deux grandes occasions ces deux dernières années, et dont l’entraineur, par ailleurs national, n’est pas non plus dans le cœur ni de Frédéric Forte ni de Beaublanc…
Au passage, la Fédération Française (FFBB) est elle aussi égratignée, en tant que tutelle de la LNB.
Du sportif, Frédéric Forte passe ensuite à l’économique
Pour Frédéric Forte, la non-participation des clubs français professionnels, qui sont désormais légalement des sociétés commerciales, à la meilleure compétition européenne (EL) serait incohérente et suicidaire. D’autant plus selon lui que si cette règle n’est pas appliquée là, elle est appliquée ailleurs…Deuxième charge, contre les mêmes, la FFBB, l’entraineur évoqué et le président de la LNB, dont le status bénévole ne lui convient guère…S’ouvre alors, sinon un acte de candidature, du moins un programme pour futur candidat…
À ce stade de sa lettre, Frédéric Forte pose un rien les armes, et développe des pistes de réflexions pour le basket français en particulier, voir le sport professionnel français en général. Rien de plus normal pour celui que l’on surnommait « The Brain » (le cerveau), quand il était joueur...
- Réflexions sur la disponibilité des internationaux.
- Réflexions aussi sur le nombre de joueurs étrangers (US et européens) évoluant dans les clubs.
- Réflexions encore sur la place, le rôle, l’influence des associations-support, légalement imposées aux clubs professionnels français. A ce sujet, il cite l’exemple de la fusion « ratée » entre Bayonne et Biarritz en rugby…Savoureux quand on sait les différents qu’il peut y avoir entre le CSP "SASP" et le CSP "Association"…Frédéric Forte en appelle d’ailleurs au Ministère des Sports afin de faire évoluer les choses…
- Réflexions enfin sur le rôle des collectivités et des financements publics. Savoureux aussi, quand on sait par exemple que la ville de Limoges entend baisser ses subventions pour le CSP. Toutefois, Frédéric Forte, s’appuyant notamment sur une analyse confiée à une société indépendante, référence et leader en matière d’études de marché des clubs sportifs, ne remet pas là tout en cause, mais demande des changements de règles, des assouplissements, des pistes que l’on pourrait croire plus sortis d’une loi sur le travail que d’un code sportif…
Qu’en penser ?
Et d’une, Frédéric Forte préfère clairement l’EL (et sa deuxième compétition, l’Eurocup) à la BCL. Mais prudent, face notamment aux sanctions qui planent des clubs jusqu’aux équipes nationales, il ne ferme aucune porte.
Et de deux, encore qu’on le savait déjà, la LNB, en la personne de son président, la FFBB, en la personne de son entraineur national, et son association sont clairement des ennemis désignés. Or dans chaque duel, il ne peut en rester qu’un… Seul D’Artagnan, dans une même situation, face à trois adversaires, repartit avec trois amis !
Et de trois, sa non-candidature à quelque poste que ce soit… À voir, surtout avec le deuxième point évoqué juste ci-dessus. Pour rester chez Dumas, à défaut d’être Richelieu, on peut toujours en être le Père Joseph.
Mais venant d’un chevalier blanc ou d’une éminence grise, sûr que cette lettre va faire couler beaucoup d’encre dans le basket français !
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