Affaire Bettencourt : la juge Prévost-Desprez conteste avoir violé le secret professionnel

La magistrate Isabelle Prévost-Desprez a réfuté lundi devant le tribunal correctionnel de Bordeaux toute violation du secret professionnel dans l'enquête sur l'affaire Bettencourt, dont elle fut un acteur-clé avant d'en être dessaisie. Le procès va durer deux jours.

Mme Prévost-Desprez, 55 ans, "conteste absolument" avoir commis un tel délit, passible d'un an de prison et 15.000 euros d'amende. "Elle n'a jamais manqué à ses obligations de magistrate", a assuré avant l'audience son avocat, qui va plaider la relaxe.

La juge de Nanterre est notamment soupçonnée d'avoir divulgué les détails d'une perquisition au domicile de Liliane Bettencourt le 1er septembre 2010, relatée le jour-même dans Le Monde par le journaliste Jacques Follorou, avec qui Isabelle Prévost-Desprez avait cosigné quelques mois plus tôt un livre, "Une juge à abattre".
"Un dossier particulier", puisque les juges sont "appelés à juger une collègue", a relevé d'emblée le président du tribunal, Denis Roucou.

Ecoutez les explications de Jean-Pierre Stahl (images : Thierry Julien).




Ce dossier tire son origine d'une plainte contre Mme Prévost-Desprez de Me Georges Kiejman, alors avocat de Liliane Bettencourt, pour "violation du secret professionnel", une plainte déposée le jour même de cette perquisition chez l'héritière de L'Oréal, dans une procédure dont la magistrate de Nanterre avait la charge.

Pour l'avocat de la juge, Me François Saint-Pierre, il ne fait aucun doute que la plainte de Me Kiejman "visait de manière explicite le dessaisissement" de Mme Prevost-Desprez d'une procédure qui s'intéressait alors aux liens entre la milliardaire et le financement de l'UMP, parti du président en exercice à l'époque, Nicolas Sarkozy. Un temps mis en examen pour abus de faiblesse, l'ancien chef de l'Etat bénéficia d'un non-lieu en 2013.
De la part de Me Kiejman (qui ne souhaite plus aujourd'hui s'exprimer sur cette affaire), "il s'est agi plus d'une réaction contre la perquisition chez Mme Bettencourt que contre la publication de l'article" du Monde la relatant, a soutenu l'avocat de Mme Prévost-Desprez.
Interrogée à la barre sur ses relations avec Me Kiejman, Isabelle Prévost-Desprez a répondu: "pour tout dire je ne l'ai jamais vraiment pris très au sérieux... c'était un vieil avocat qui restait beaucoup dans la séduction".
"Me Kiejman n'a pas agi dans l'intérêt de sa cliente, il a été payé très cher juste pour m'injurier", a ensuite lancé la juge de Nanterre, en réponse à une question de l'actuel avocat de la milliardaire, Benoît Ducos-Ader.

"Une balle perdue dans une lutte de procédures"

Au cours des deux premiers volets de l'affaire Bettencourt jugés en début d'année, le tribunal de Bordeaux a établi que les facultés de discernement
de Liliane Bettencourt, atteinte de la maladie d'Alzheimer, étaient déjà déclinantes en 2010. Aujourd'hui âgée de 92 ans et sous tutelle, la femme la plus riche de France est représentée à l'audience par ses deux avocats et un tuteur.
Pour Me Arnaud Dupin, autre conseil de Mme Bettencourt, ce troisième procès est "une balle perdue dans une lutte" de procédures que des avocats se livraient à l'époque autour de sa cliente, avant le dépaysement de l'affaire de Nanterre à Bordeaux, en novembre 2010.




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