Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour subornation de témoin, qui vise implicitement Françoise Bettencourt-Meyers, la fille de Liliane Bettencourt, accusée par François-Marie Banier d'avoir fait pression sur des témoins, a-t-on appris samedi de sources concordantes.
Ces témoignages avaient pesé dans l'enquête sur l'abus de faiblesse dont a été victime l'héritière de L'Oréal. Sept personnes ont été condamnées en première instance, dont François-Marie Banier, photographe et ex-confident de la milliardaire, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt Patrice de Maistre et l'avocat Pascal Wilhelm.
Le procès en appel est prévu au printemps 2016 "Le parquet de Paris a ouvert début juillet cette information judiciaire à la suite d'un dépôt de plainte avec constitution de partie civile de M. Banier", a précisé à l'AFP une source judiciaire, confirmant une information du Monde.
En 2012, le photographe et artiste avait déposé plainte à Paris pour faux témoignage. Une enquête avait été ouverte, confiée au juge Roger Le Loire. Le magistrat avait demandé au parquet, fin 2014, de délivrer un réquisitoire supplétif l'autorisant à étendre ses investigations du chef de subornation de témoin.
Dans une ordonnance du 17 février, le parquet avait refusé, estimant que ces faits avaient déjà été examinés par les juges bordelais. M. Banier avait alors déposé plainte avec constitution de partie civile, ce qui entraîne quasi automatiquement l'ouverture d'une information judiciaire.
Dans ce volet de l'affaire, Roger Le Loire a mis en examen cinq anciens employés de Liliane Bettencourt pour faux témoignage. Pour l'ancienne comptable des Bettencourt,
Claire Thibout, le juge a assorti cette incrimination d'un facteur aggravant, le fait d'avoir été effectué en contrepartie d'argent, à savoir un don de 400.000 euros et un prêt de 300.000 euros de Françoise Bettencourt-Meyers.
"Ces mises en examen éclairent d'un jour nouveau l'affaire Bettencourt (...) beaucoup plus complexe qu'on a voulu le faire croire", ont réagi auprès de l'AFP Pierre Cornut-Gentille et Laurent Merlet, avocats de François-Marie Banier.
"Depuis 2007, notre client dénonce les accusations mensongères portées contre lui par ces témoins. L'enquête devra dire s'il y eu une entreprise concertée pour fabriquer un dossier qui a conduit à la condamnation de M. Banier en première instance", ont-ils ajouté.
Pour Antoine Gillot, l'avocat de Claire Thibout, le tribunal de Bordeaux a condamné sept personnes "au terme d'une décision particulièrement motivée, qui s'appuie pour une large part sur les témoignages des membres du personnel".
Concernant l'indemnité de 400.000 euros, les juges bordelais ont prononcé "une ordonnance de non-lieu qui n'a pas été frappée d'appel" et pour le prêt de 300.000 euros, "l'enquête qu'avait cru bon d'ouvrir le parquet de Bordeaux a abouti à un classement sans suite", a rappelé fin septembre l'avocat après la seconde mise en examen de sa cliente.
Sollicité, Me Nicolas Huc-Morel, conseil de Françoise Bettencourt-Meyers, n'a pas souhaité faire de commentaires.