Pour la première fois, Jacques Servier, fondateur des laboratoires Servier, a été mis en examen mardi pour "homicides et blessures involontaires" dans l'enquête sur les dégâts causés par le Mediator.
Déjà poursuivi pour escroquerie et tromperie, M. Servier, 90 ans, et six sociétés de son groupe ont été mis en examen pour homicides et blessures involontaires et placés sous contrôle judiciaire dans ce volet de l'affaire ouvert en décembre 2010, a-t-on appris de source judiciaire.La mise en examen pour homicides involontaires vise le cas de deux victimes, tandis qu'une quarantaine de cas sont visés pour les blessures involontaires par manquement délibéré, dont quatorze ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à trois mois.
"Il y aura un bien plus grands nombres de victimes au fur et à mesure du dépôt des expertises" selon Me Jean-Christophe Courbis, avocat à Bordeaux dont le cabinet traite le dossier de 2000 personnes dans cette affaire dont 65 sont déjà décédées.
"Cette mise en examen était attendue et elle marque un tournant important car les juges ont écarté toute idée de dissimulation de données par Servier vis-à-vis des autorités sanitaires", ont réagi auprès de l'AFP les avocats des Laboratoires et de son fondateur, Me Hervé Temime et François De Castro. Les juges ont retenu la dissimulation d'informations seulement vis-à-vis des médecins et patients et concernant les propriétés anorexigènes du médicament, sa parenté commune avec la norfenfluramine et ses effets indésirables, a précisé Me De Castro.
Outre le rôle de Servier, les juges s'intéressent aussi aux liens entre l'agence du médicament Afssaps (devenue ANSM), la Direction générale de la santé (DGS) et Servier.