Le député UMP Henri Guaino, poursuivi pour ses attaques en 2013 contre le juge d'instruction Jean-Michel Gentil après la mise en examen de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bettencourt, a été relaxé jeudi par le tribunal correctionnel de Paris.
Le parquet avait requis une amende de 3.000 euros contre le parlementaire des Yvelines, poursuivi pour outrage à magistrat et discrédit jeté sur une décision de justice.Au lendemain de la mise en examen de M. Sarkozy pour abus de faiblesse au préjudice de la milliardaire Liliane Bettencourt, le 21 mars 2013, M. Guaino avait multiplié dans les médias les attaques contre le juge. L'ex-président a finalement bénéficié d'un non-lieu dans l'affaire Bettencourt. Son ancien conseiller spécial à l'Élysée avait notamment accusé le magistrat d'avoir "déshonoré la justice".
Le tribunal a estimé que, s'agissant de propos tenus par un parlementaire, sur un sujet d'intérêt général, les limites admissibles de la liberté d'expression n'avaient pas été dépassées, a expliqué la présidente Anne-Marie Sauteraud.
"Ce jugement honore la justice", a déclaré jeudi M. Guaino, dans un clin d'oeil aux propos qui lui ont valu ce procès.
"Je ne peux que remercier le tribunal d'avoir rendu la justice et reconnu la liberté d'expression des parlementaires qui est un élément absolument essentiel du bon fonctionnement d'une démocratie", a déclaré M. Guaino.
Les avocats du juge Gentil ont annoncé que leur client ferait appel de la décision. Si le parquet ne fait pas de même, le procès en appel ne concernera que le volet civil du jugement. Le magistrat, qui demandait 100.000 euros de dommages et intérêts, a été débouté du fait de la relaxe de M. Guaino.
"Dans ce dossier, nous considérons que l'outrage était évident, et qu'un parlementaire ne peut pas se permettre de dire tout de n'importe quelle façon", a déclaré Me Léon Lef Forster.
Lors de l'audience le 22 octobre, dans une salle de la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris comble où plusieurs de ses collègues parlementaires avaient pris place, M. Guaino s'était attaché à transformer son procès en débat sur la liberté d'expression.