Bordeaux célèbre, lors d'un colloque, le cinquantenaire de la loi Malraux, une loi qui est à l'origine de la création des secteurs sauvegardés. Bordeaux en fait partie, tout comme Saint-Emilion. Trois jours de présentation pour comprendre la loi.
Fierté pour les uns que de voir attribuer le caractère de secteur protégé, contrainte pour les autres à cause des cahiers des charges contraignants qui s'y appliquent.
Garder en l'état un patrimoine inalliénable
Au regard du secteur sauvegardé, il est appréciable de savoir pour soi, mais aussi pour les générations futures, que ce qui a fait l'histoire de Bordeaux, restera en l'état. C'est cette situation de l'état originel, tant que faire se peut, qui crée dilemme dans l'esprit et l'initiative des propriétaires. Toute intervention dépend d'un livret de plusieurs pages qui va des grandes lignes du secteur, jusqu'aux huisseries que l'on doit utiliser lorsque l'on veut bricoler la façade. D'autant que Bordeaux accumule les contraintes architecturales des Batîments de France, au secteur sauvegardé, il faut ajouter le périmètre du classement de l'Unesco au patrimoine mondial.Surrenchère ou légitimité patrimoniale, les classements ont des atouts, de notoriété, de respect de ce que fût le passé, ses habitants, sa vie. La façade des quais, monument riche d'histoire: les macarons au-dessus de chaque porche, la place de la Bourse, les Quinconces où siègeait le Château Trompette, la demeure hollandaise, la première ambassade des Etats-Unis d'Amérique qui reçut comme premier ambassadeur Benjamin Franklin. Tout ceci est ancré dans la pierre, la Ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filipetti déambule ce matin sur les quais pour apprécier cette façade, non pas unique en Europe, parce qu'elle possède son pendant à l'identique en temps et en disposition le long d'un fleuve, près de la Baltique, Saint-Pétersbourg.
Trois jours de colloques
Créée en 1962, cette loi est le résultat du combat d'André Malraux pour limiter la radicalité de l'essor urbain dans cette période. Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale des villes entières rasées par des combats âpres subirent une reconstruction pratique et économiste. Certaines villes par leur passé glorieux purent retrouver une reconstruction à l'identique, comme ce fût le cas pour Saint-Malo, mais "les Trentes Glorieuses" étaient promptes à dissimuler l'insalubre des centres villes par des constructions monumentales. Bordeaux connut l'exemple au travers du quartier Mériadeck. Vouer un colloque à cette loi lors d'un anniversaire à Bordeaux est on ne peut plus judicieux. Le secteur sauvegardé, l'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco, l'objectif Bordeaux 2030 est l'exemple du maintien de l'équilibre entre ce qui a été et ce qui sera, comme les projets d'aménagements qui fleurissent dans l'agglomération.