Doc en mai à Bordeaux : les 6 jours de la création documentaire contemporaine

Du mardi 26 au dimanche 31 mai 2015, ce sera la première édition de Doc en Mai . Seront proposées  des projections et des rencontres dédiés à la création documentaire contemporaine, avec la présentation d’oeuvres inédites .

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

 Filmer en documentaire, c'est aller au-devant du réel, s'exposer à son risque, accepter de ne discipliner ni le monde ni les hommes. Nous ne pouvons rien faire sans le désir de ceux que nous filmons.


Cette première édition de Doc en Mai, réunira un certain nombre de films autour d’un mot « L'emprise ». Qu'elle soit amoureuse, familiale, territoriale, technologique, chimique ou politique, ardemment désirée ou fatalement subie... l’emprise traversera comme un lien ténu et sensible chacun des films de cette première programmation de ces rencontres.

C est l'occasion de cerner les enjeux d 'un tel projet avec la directrice artistique de ces rencontres, Stéphanie Régnier. Elle a participé à la programmation avec Bertrand Grimault.

 
Pourquoi organiser de telles rencontres ici à Bordeaux ?

SR : "Beaucoup d’auteurs, réalisateurs et producteurs indépendants actifs dans le champ de la création documentaire sont installés à Bordeaux et dans la région. L’équipe de Doc en Mai  est elle-même constituée de réalisateurs, producteurs et programmateurs.
La Région Aquitaine soutient quand à elle activement la filière de la production documentaire.
Il manquait à Bordeaux un festival dédié à ce genre cinématographique. Nous tentons, à notre échelle, humblement et avec des budgets pour l’instant extrêmement limités, de répondre à ce manque."

 

Comment avez-vous choisi les documentaires proposés, quel est le lien commun entre ces œuvres ?

SR :"Nous avons sillonné ces dernières années un grand nombre de festivals internationaux, en France, en Europe, au Maghreb. Nous avons également sollicité nos réseaux professionnels (réalisateurs, producteurs, diffuseurs). Nous avons ainsi eu accès à un grand nombre de films.  Grâce à notre partenariat avec la Bibliothèque Publique d’Information, le festival Cinéma du Réel, et le Bibliothèque de Bordeaux, nous avons pu avoir accès à tous les films en compétition lors de 37eme édition de Cinéma du Réel (mars 2015).  Nous avons également contactés directement certains réalisateurs après avoir lu un article dans la presse au sujet de leur dernier film.
La plupart des films qui constituent cette programmation sont des films récents. Ils ont étés produits et réalisés entre 2013 et 2015, un petit nombre d’entre eux ont eu la chance d’être distribués en salle, ils n’ont jamais étés montrés à Bordeaux.
Pour cette première édition, un mot a guidé notre travail de programmation : l’emprise. Qu'elle soit amoureuse, familiale, territoriale, technologique, chimique ou politique, ardemment désirée ou fatalement subie... l’emprise traversera comme un lien ténu et sensible chacun des films de cette première édition de Doc en Mai."

Cinéma du réel, documentaire, aujourd’hui documentaires de création, pourquoi est-il si difficile de nommer ce genre de films ?

SR : "Je penses que ces mots sont là pour différencier le « documentaire » du « reportage télévisuel ». Pour reprendre les mots de François Niney  : le reportage obéit à la logique de flux du petit écran, alors que le documentaire se veut une œuvre singulière.  Nous présentons ici des oeuvres cinématographiques faisant du réel leur champ d’expérience, travaillant le réel comme matière.
Personnellement je préfère à l’expression « documentaire de création », celle de « Cinéma du Réel », avec l’idée d’un cinéma fabriqué à partir d’une matière vivante qui  serait « le réel ». Le fait de travailler à partir du réel n’exclue bien sûr par la possibilité de mettre en scène ce réel, de le déjouer et d’en jouer. En exergue de notre programme, nous avons cité cette phrase de Jean-Louis Comoli : Filmer en documentaire, c’est aller au-devant du réel, s’exposer à son risque, accepter de ne discipliner ni le monde ni les hommes. Nous ne pouvons rien faire sans le désir de ceux que nous filmons... Beauté du cinéma documentaire, d’être suspendu au désir de l’autre. À nos yeux, être spectateur de films documentaires, c'est partager ce désir de l'autre."

Pourquoi ces œuvres ne sont pas programmées dans les circuits habituels de diffusion grand public ?

SR : "Il existe en ce moment au niveau national un combat mené par des collectifs d’auteurs, de réalisateurs et de producteurs qui revendiquent une meilleure représentation du documentaire  sur les grandes chaînes publiques. Il semble en effet que les grandes chaînes hertziennes aient démissionné depuis une dizaine d’années dans leur  mission à soutenir et rendre compte de la richesse des écritures documentaire contemporaines.
Paradoxalement, les petites chaines locales se sont investis ces dernières années dans la production d’œuvres exigeantes et singulières. Avec bien sûr des moyens financiers plus limités que ceux des grandes chaînes. Nous débâterons de cette question et plus largement de l'avenir de la production documentaire dans le cadre de la table ronde intitulé « actualité de la production documentaire » qui se tiendra le vendredi 29 à 14h au centre social Saint-Pierre. L’entrée est libre et ouverte à tous."

S ‘agit –il d’un art (documentaire de création) à part entière ou est-ce le plus souvent un tremplin pour la Fiction à de jeunes cinéastes ?

SR :"Nous défendons des œuvres singulières, relevant de la création cinématographique, brouillant parfois les pistes entre les genres (fiction/documentaire/expérimental), prenant des risques, tant sur le plan de la pensée que de la forme. Tout cela relève de la création artistique. Et la programmation que nous avons constituée tend à rendre compte de la diversité des écritures possibles.  À nos yeux, le documentaire n’est pas le parent pauvre de la fiction. Il n’a pas à l’être en tout cas.

S’il est vrai que certains grands réalisateurs de fiction ont fait leur premiers pas dans le champ du documentaire (Maurice Pialat, les frères Dardennes - qui au passage continuent à produire du documentaire -…), d’autres grands réalisateurs ont procédé d’allers-retours entre fiction et documentaire : Immamura, Rosselini, Pasolini, De Seta, Godard, Schroeder…  J’aime ce récit que nous offre Barbet Schroeder dont l’œuvre polymorphe mêle documentaires et fictions. Il décrit une scène d’un film de Rohmer qu’il a produit et dans lequel il a fait l’acteur : « La Boulangère de Monceau » (1963). Shroder décrit une scène où on le voit acheter un sablé dans une boulangerie :
« J’ai suggéré à Rhomer de mettre quelques pièces dans ma main. Mais, pour Rohmer, il fallait le montant exact — soit 40 anciens francs. Je n’ai jamais oublié cette leçon. ». Cette anecdote rend compte d’une certaine philosophie face au réel."


L' association Oumigmag

DOC EN MAI est organisé par l'association Oumigmag et des partenaires institutionnels. C' est une association une structure de production dédiée à des projets artistiques faisant du réel leur champ d’action, que ce soit dans le domaine du documentaire de création, des arts visuels, de la création sonore. Elle soutient la création et la diffusion d’oeuvres cinématographiques et audiovisuelles.

Elle met en place des actions d'éducation à l'image pour différents publics. Elle développe dans une démarche transversale des projets artistiques et culturels avec des artistes et chercheurs issus de différents champs disciplinaires : cinéma, arts visuels, architecture, action urbaine, création sonore et musicale, multimédia. De 2011 à 2013 elle coproduit avec Survivance et les Films de la Caravane le film Kelly, réalisé par Stéphanie Régnier, sélectionné dans de nombreux festivals internationaux. L'association est domiciliée depuis le 2 janvier 2014 à Bordeaux.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information