Le juge bordelais Jean-Michel Gentil sévèrement critiqué par les amis de Nicolas Sarkozy

Jean-Michel Gentil est celui qui a osé mettre en examen Nicolas Sarkozy après de longs mois d'enquête sur l'affaire Bettencourt. Il est depuis ce matin très violemment attaqué par les membres de l'UMP. 


L'ancien conseiller spécial du Président, Henri Guaino, lui demande même de s'expliquer devant les français.

Sur Europe 1 ce matin, ce très proche de Nicolas Sarkozy remet clairement en cause le travail du juge bordelais. "Je déteste la façon dont le juge Gentil fait son travail. C'est indigne. Il a déshonoré un homme et la justice." Henri Guaino parle d'un juge "tout permis", "qui abîme la République" et "qui doit s'expliquer devant les français", d'autant, soutien l'ancien conseillé spécial, "qu'il n'a certainement aucun indice d'argent qui aurait été versé".

A l'image d'Henri Guaino, les sarkozystes et l'UMP ont d'abord été sidérés à l'annonce jeudi soir du soupçon pesant, aux yeux du juge Jean-Michel Gentil, sur l'ex-président : avoir abusé des absences d'une des vieilles dames les plus riches du monde pour financer sa campagne électorale victorieuse de 2007. 

Puis leur colère a éclaté et ils ont contre-attaqué en ciblant le juge. 

Nicolas Sarkozy lui-même juge "scandaleux" le traitement qui lui est infligé, a lancé son avocat, Me Thierry Herzog, qui s'est démultiplié sur les radios.
Ce ténor du barreau n'a pas hésité à mettre en cause l'impartialité du juge. "Est-ce que vous pensez que l'instruction a vraiment été à charge et à décharge ?", a-t-il demandé, dénonçant une mise en examen "incohérente et injuste". Il a annoncé d'ailleurs qu'il l'attaquait devant la chambre d'instruction de la cour d'appel de Bordeaux, où se déroule l'enquête.
 
Ami intime de l'ancien président, l'UMP Brice Hortefeux s'est étonné d'une mise en examen  "bien à propos" sur fond de popularité croissante pour M. Sarkozy et décroissante pour le président François Hollande. Il a parlé lui aussi d'un traitement "exclusivement à charge".

Jean-François Copé, président de l'UMP, s'est dit "choqué" par les analystes qui anticipent un retrait du dirigeant de droite de la vie politique.

Son rival François Fillon qualifie cette mise en examen pour abus de faiblesse d'"injuste et extravagante".

De mutiples voix UMP ont aussi donné une lecture très politique d'un développement judiciaire survenu deux jours après la démission du brillant
ministre socialiste Jérôme Cahuzac : "'instrumentalisation" (Christian Estrosi), "acharnement" (Geoffroy Didier), calendrier bizarrement opportun (Laurent
Wauquiez).

Gare aux pressions sur la justice, s'est alarmé vendredi le numéro un socialiste Harlem Désir. "C'est insupportable de mettre ainsi en cause la probité et l'indépendance des juges".

Comme le sénateur David Assouline la veille, le Premier secrétaire a mis l'accent sur la gravité des faits soupçonnés, s'ils étaient avérés.

Une gravité mise aussi en avant par le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon ("la racine des problèmes est dans un modèle démocratique où l'argent règne sur tout") et par la présidente du Front national, Marine Le Pen ("Il s'agirait d'un abus de faiblesse sur une femme âgée et diminuée, dans le cadre du financement illégal d'une campagne électorale").

Première membre du gouvernement de Jean-Marc Ayrault à commenter (l'Elysée a opposé un non résolu à toutes les demandes de réactions), la ministre écologiste, Cécile Duflot, a simplement jugé "normal" cet épisode d'un dossier tentaculaire dont l'instruction semble en voie d'achèvement avec 17 mises en examen prononcées.
"La justice fait son travail librement", a estimé la ministre, critiquant les "cris d'orfraie" de sarkozystes.

Le socialiste Jean-Christophe Cambadélis s'est placé sur un autre plan : attention, a-t-il dit, à la "colère de l'opinion" devant ce qu'il a elliptiquement qualifié de "pluralité des mises en cause".


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