Alain Juppé a critiqué ouvertement mardi les réductions d'effectifs des forces de l'ordre opérées sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, l'occasion de marquer sa différence sur ces questions de sécurité intérieure avec l'ancien chef de l'Etat en vue de 2017.
Au coeur de la critique: la bien connue "RGPP" (Révision générale des politiques publiques) et son non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, une politique décidée par Nicolas Sarkozy à son arrivée à l'Elysée en 2007. Pour l'ancien Premier ministre,
la droite a sans doute eu tort de supprimer une dizaine de milliers de postes des forces de l'ordre
"Critiquer la réduction des effectifs ou la réforme du renseignement de 2008 ce ne sont pas des critiques échevelées!" tempérait un député juppéiste. Pas plus tard que samedi, la même critique était venue de Jean-François Copé, ex-patron des députés UMP et du parti qui avait carrément qualifié ces réductions "d'erreur historique"!
Alain Juppé dit ce qu'il pense, peut-être que cela déplaît, mais il se sent aussi comptable de cela
décryptait mardi son entourage. Après un éphémère passage à l'Ecologie en mai/juin 2007, il a en effet été à la Défense et au Quai d'Orsay de 2010 à 2012. Le contexte a changé, relève aussi le maire de Bordeaux.
Et il faut être un peu humble: tout n'était pas parfait avant 2012 et tout n'est pas catastrophique après 2012
a-t-il encore lâché. Pour certains, la critique est malvenue: "ce n'est pas le temps de se mettre de la cendre sur la tête", a rétorqué l'ex-ministre du Budget Eric Woerth dans les couloirs de l'Assemblée. Depuis les attentats de vendredi soir, Alain Juppé a appelé à l'unité nationale et à "faire bloc", ce qui n'a pas été sans créer des frictions lors d'une réunion avec Nicolas Sarkozy ce week-end.
Juppé donne 'raison au chef de l'Etat'
Lui qui n'est pas parlementaire et n'était donc pas à Versailles lundi a salué "le bon discours" du président de la République, dans lequel il a vu "des annonces intéressantes". "Tous les députés ont applaudi hier, non?" relevait son entourage. Sur le plan diplomatique, l'ancien Premier ministre s'est désormais rangé à l'idée d'une large coalition contre EI et appuie l'actuel chef de l'Etat.Il semble plus circonspect sur la réforme constitutionnelle, car selon lui "l'outil juridique est suffisant". Dans les couloirs de l'Assemblée, l'un de ses lieutenants, le député LR Benoist Apparu, se montrait plus ouvert: "Nous jugerons sur pièce: +c'est bien+ on vote, +c'est pas bien+ on vote pas".