L'ancien Premier ministre et candidat à la primaire de la droite Alain Juppé veut créer une "police pénitentiaire", écrit-il dans un ouvrage à paraître début janvier dans lequel il formule toute une série de propositions en matière d'immigration, de sécurité, de justice, et de laïcité.
Après son livre sur l'école, sorti en septembre, ce deuxième ouvrage, "Pour un Etat fort", dont l'AFP a reçu une copie, a dû être remanié en cours de route après les attentats du 13 novembre.
A l'occasion de ce drame, il avait déjà dévoilé quelques-unes de ses pistes, comme la formation des imams, une meilleure coordination des services de renseignement français ou encore la création d'un délit d'entrave au service public pour faire respecter la laïcité.
Sur la question de la déchéance de nationalité en cas de terrorisme, M. Juppé se prononce en faveur "de plus de déchéances" de binationaux sans toutefois préciser s'il s'agit de binationaux naturalisés, comme déjà autorisé, ou bien de binationaux nés Français comme le propose François Hollande et qui fait polémique à gauche.
Le maire de Bordeaux déroule ses propositions à travers notamment un long entretien avec la journaliste Natacha Polony. L'ancien Garde des Sceaux Dominique Perben, qui fait partie de l'équipe Juppé, a participé à l'élaboration du livre.
Pour la création d'une "police pénitentiaire"
Parmi les pistes les plus ambitieuses figure la création d'une "police pénitentiaire", qui serait placée sous l'autorité du ministère de la Justice, un ministère dont il souhaite d'ailleurs voir le budget augmenter.Cette "police pénitentiaire" ferait du renseignement en prison mais aussi des extractions de détenus, actuellement réalisées par des policiers ou des gendarmes.
Le renseignement en milieu pénitentiaire, avec notamment la possibilité de "sonoriser" les cellules, avait fait l'objet d'un vif débat au printemps 2015 et avait été retiré du projet de loi renseignement.
Pour une réforme de la procédure pénale
Le maire de Bordeaux veut également réformer la procédure pénale pour que les policiers passent moins de temps à des tâches administratives et soient "remis sur le terrain".Il se prononce pour la suppression des remises de peines automatiques, pour le retour des peines planchers, et en faveur d'une plus stricte application des aménagements de peine. Il est favorable au retour de la taxe, votée sous Sarkozy et supprimée sous Hollande, pour financer l'aide juridictionnelle.
Côté immigration, il opte pour un système de quotas et de points. Il préconise de revoir les critères du regroupement familial mais aussi de "renégocier Schengen". Quant à la laïcité, il propose entre autres un code de la nationalité et la création d'un "délit de consultation des sites djihadistes".