Le maire de Bordeaux, premier à avoir annoncé qu'il interdirait dans sa ville le spectacle de Dieudonné M'Bala M'Bala, a déclaré jeudi qu'il apprécierait en temps voulu l'ampleur du "trouble à l'ordre public" pour confirmer cette décision.
Après le refus du tribunal administratif d'interdire le spectacle de Dieudonné à Nantes, Alain Juppé était interrogé sur la décision qu'il prendrait à Bordeaux.
"Le trouble à l'ordre public est un motif qui peut fonder l'interdiction. Il s'apprécie au cas pas cas en fonction des situations particulières à chaque ville et à chaque spectacle. Je n'ai pas pris encore mon arrêté et j'apprécierai d'ici-là avec le préfet si ce risque existe ou pas", a t-il déclaré.
Dès le 6 janvier, il avait pourtant été le premier maire à annoncer qu'il allait interdire le spectacle prévu le 26 janvier à la patinoire de Bordeaux, après la diffusion de la circulaire du ministère de l'Intérieur reprécisant les critères d'interdiction.
Les conditions "dans lesquelles un spectacle ne pourrait avoir lieu", selon les termes de la circulaire, "sont remplies", avait-il estimé dans un communiqué. "J'interdis la tenue du spectacle prévu le 26 janvier prochain et demande au préfet de m'assister dans la mise en oeuvre de cette mesure". Invité à commenter la décision du tribunal administratif de Nantes, Alain Juppé a indiqué que "l'on savait que la justice administrative est très vigilante sur les libertés publiques et exige qu'il y ait des conditions très précises en matière de trouble à l'ordre public. Là, le tribunal a estimé que ces conditions n'étaient pas réunies".
L'ancien Premier ministre a également soulevé "la question de savoir si on fait respecter en France les lois qui répriment le négationnisme, le racisme et l'antisémitisme". "M. Dieudonné a déjà été condamné à plusieurs reprises" or les peines qui lui ont été infligées "n'ont pas été appliquées" en particulier dans le domaine financier, a t-il regretté M. Juppé.