Au possible vote de gauche à la primaire de la droite, le numéro un du PS Jean-Christophe Cambadélis a riposté samedi par une attaque contre Alain Juppé, cible croissante des socialistes, jugeant que sa victoire en novembre favoriserait celle du FN aux législatives.
A l'approche du premier débat télévisé entre les sept candidats à la compétition interne de la droite, le patron des socialistes a mené, lors d'une interview au Figaro, une nouvelle charge contre le maire LR de Bordeaux et ancien Premier ministre, jusqu'alors favori des sondages en vue de 2017.
Quelques semaines après avoir comparé Nicolas Sarkozy et Alain Juppé à "deux frères siamois de la même politique", Jean-Christophe Cambadélis a lancé un avertissement aux électeurs de gauche tentés de voter pour le maire de Bordeaux dans l'idée d'empêcher un éventuel duel Sarkozy-Le Pen au second tour de la présidentielle:
"Alain Juppé aux primaires, c'est Marine Le Pen aux législatives..." "Car si Nicolas Sarkozy est trop à droite pour la France, Alain Juppé est nulle part. Trop centriste sur l'identité pour la droite, trop ultra-libéral sur le social pour la gauche. Et je comprends que Marine Le Pen, dans ces conditions, l'épargne",
a poursuivi le patron du PS.
M. Cambadélis a cependant écarté l'hypothèse que l'ancien Premier ministre "déclenche une avalanche de parjures abjurant les valeurs de la gauche pour le sauver", autant que de votes significatifs d'électeurs de droite et d'extrême droite à la primaire de sa "Belle alliance populaire".
Fidèle du président de la République, le chef de file des sénateurs socialistes, Didier Guillaume, a tweeté samedi qu'"en 2017, Alain Juppé veut mettre en place une véritable cassure sociale", allusion ironique sur le thème de la "fracture sociale" marqueur de la campagne de Jacques Chirac en 1995.
Et mardi, l'une des porte-parole des députés PS, Annick Lepetit, a décerné à l'ancien Premier ministre le "César du programme économique et social le plus réac", "exhumation des thèses thatchériennes", avertissant d'éventuels électeurs de gauche que "ceux qui se disent déçus du hollandisme seront les déchus du juppéisme".
Tirs croisés anti-Juppé
Convergentes et grandissantes, ces attaques semblent conforter l'idée que Nicolas Sarkozy apparaît à une partie des socialistes comme le rival privilégié de François Hollande parce que plus clivant et moins attirant pour un électorat centriste.Jusqu'alors, les sondages montrent qu'une majorité de Français n'ont pas envie d'un second tour remake de 2012. Désormais engagé dans la primaire organisée par le PS, Arnaud Montebourg a aussi cherché, vendredi près de Toulouse, à dissuader des électeurs de gauche de voter fin novembre pour Alain Juppé, ses "85 à 100 milliards de coupes budgétaires" ou son "plan social de 250.000 fonctionnaires".
Ses arrière-pensées diffèrent de celles des hollandais: l'ex-ministre de l'Economie espère attirer des déçus du quinquennat fin janvier pour contrer François Hollande.
A droite, Nicolas Sarkozy, dans une mauvaise passe entre sondages défavorables, affaires judiciaires et ralliements d'anciens sarkozystes à Alain Juppé, s'en prend de plus en plus violemment aux électeurs de gauche susceptibles de voter à la primaire de la droite.
L'ancien président de la République a encore accusé mercredi son adversaire de "compromis avec la gauche" pour gagner la primaire, une "déloyauté" qui "ne conduirait pas à la rupture avec la politique de François Hollande".
Les sondages augurent que "les électeurs du FN seront a priori plus nombreux à venir voter à la primaire que ceux du PS", donc ce scénario est "un peu une supercherie intellectuelle, un petit piège", a rétorqué le juppéiste Benoist Apparu.
"Je n'ai pas appelé les électeurs de gauche à venir voter", a précisé Alain Juppé sur France 2, mais aux "Français de bonne volonté qui souscrivent aux valeurs républicaines de la droite et du centre".