Un rapport d'expertise complémentaire sur la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge (Essonne) qui avait fait 7 morts en juillet 2013, conclut à un défaut de maintenance et confirme ainsi le bilan du Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre de septembre 2015.
"Une surveillance efficace aurait sans doute permis" d'éviter la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge (Essonne), qui avait fait sept morts en juillet 2013, conclut un rapport d'expertise complémentaire remis aux juges et consulté jeudi par l'AFP, confirmant une information du Parisien.
Ce déraillement de l'Intercité Paris-Limoges, survenu le 12 juillet 2013, avait également causé des dizaines de blessés, à cause d'une éclisse (sorte de grosse agrafe sur l'aiguillage), dont une fissure n'avait pas été détectée lors des tournées de surveillance, et dont trois des quatre boulons s'étaient cassés ou dévissés. L'éclisse avait alors pivoté, provoquant l'accident.
Ce rapport complémentaire, réclamé en février 2015 par la SNCF, vient compléter les éléments déjà rendus publics en juillet 2014 par une première expertise. Il dresse le même bilan que le rapport de septembre 2015 du Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT), indépendant à l'enquête: un défaut de maintenance est bien à l'origine de l'accident.
Le bout de voie ferrée incriminé dans l'accident, un aiguillage de pièces complexes permettant la jonction ou la traversée de voies, "n'a pas fait l'objet de mesures de surveillance et de remise en l'état adaptées", écrivent dans leur rapport les deux ingénieurs en charge de l'expertise.
"Une surveillance efficace aurait sans doute permis de détecter la non-conformité de cet assemblage crucial pour la sécurité des circulations: absence de boulon n°3 depuis plusieurs mois sans remplacement, desserrage et rupture récurrents des boulons, fissuration de l'about (l'une des pièces de l'assemblage, NDLR) de cœur de traversée depuis 2008", ajoutent-ils.
Concernant en particulier la fissuration de cet about, ils constatent qu'il n'a pas "fait l'objet d'un suivi adéquat, entre autres du fait d'une confusion des agents de la SNCF incompréhensible". "En clair, des constatations ont été faites régulièrement, mais elles portaient sur un autre bout de rail...", explique une source proche du dossier. La SNCF a indiqué à l'AFP qu'elle "ne dispose pas à cette heure de la réponse complète des experts", et pourra faire part de ses observations d'ici fin février.
Depuis l'ouverture d'une information judiciaire par le parquet d'Evry, seules deux personnes morales ont été mises en examen, la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), toutes deux mises en cause pour homicides et blessures involontaires. Trois cheminots de la SNCF, chargés de la surveillance des voies au moment du déraillement, ont par ailleurs été placés mi-janvier sous le statut de témoin assisté.