Le tribunal administratif de Poitiers a prononcé l’annulation des deux arrêtés préfectoraux autorisant la création de six réserves d'eau en Charente-Maritime.
La justice avait été saisie par "Nature Environnement 17" qui estime que ce projet surdimensionné est néfaste pour l'environnement.
L'association Nature Environnement 17 obtient satisfaction. Le tribunal administratif de Poitiers a annulé le 4 juin, les deux arrêtés préfectoraux visant à autoriser la création de six réserves d'eau sur le bassin de la Curé.
L'association de Charente-Maritime avait saisi la justice contre ce projet de réserves de substitution destinées à l'irrigation. C'est l'un des nombreux recours déposés par les opposants à la création de bassines qui suscite régulièrement des manifestations dans les départements de Charente-Maritime, Deux-Sèvres et de la Vienne.
L’association syndicale autorisée (ASA) des Irrigants de l’Aunis envisageait la création de 16 réserves de substitution dont six retenues de substitution sont situées sur le bassin du Curé.
Des impacts sur l'environnement
Pour Nature Environnement 17, il s'agit d'une victoire.
L'association estime que le stockage de 1,66 million de mètres cubes d’eau pour l’irrigation agricole, additionné aux prélèvements d’été, pourrait conduire à une augmentation des capacités de prélèvements sur le bassin, alors que l’objectif est au contraire de diminuer la pression des prélèvements".
Ce projet de réserves est surdimensionné, et construit sans sérieuse prise en compte des enjeux du territoire. L’étude d’impact souffre de sévères lacunes s’agissant des effets du projet sur l’environnement, et plus particulièrement les impacts sur les zones Natura 2000, les zones humides, l’avifaune, les milieux aquatiques ou encore la faune piscicole.
- Nature Environnement 17
Au cours de l'audience qui s'est déroulée le 20 mai, l'association avait aussi pointé du doigt les effets du changement climatique.
Comment considérer que l’autorisation accordée à 13 exploitations agricoles de prélever directement dans les nappes pour un volume de 1,66 mètre cube pour leur seul usage soit justifiée ? La satisfaction des besoins en eau pour les générations futures paraît difficilement tenable,
- Nature Environnement 17
De son côté, le tribunal a consdéré que les réserves sont largement disproportionnées, et méconnaissent le règlement du Schéma d’Aménagement et de Gestion des eaux en vigueur sur ce bassin.
Ce vendredi Nature Environnement 17 s'est félicité de ce jugement.
On est sur un milieu naturel qui a besoin d'eau, la gestion de l'eau doit être équilibrée, on prélève plus d'eau que le milieu naturel peut en fournir, on est sur un projet qui est complètement dépassé,
- Patrick Picaud, coordinateur Nature Environnement 17
La réaction des agriculteurs
Les exploitants qui ont lancé ce projet en Charente-Maritime sont déçus."On est remontés, on voit qu'on n'en sortira pas, c'est très déplaisant, on va analyser le jugement pour voir comment on peut repartir"avertit Pascal Ribreau membre du syndicat mixte des réserves de substitution.
On a toujours la même pluviométrie mais elle est mal répartie dans l'année, il y a de plus en plus de sécheresse. Les réserves nous permettraient de stocker de l'eau et de pouvoir en disposer au bon moment,
- Pascal Ribreau, exploitant Agricole
Les études autour de ses réserves d'eau ont coûté près d'un million d'euros, le projet financé à 70% par l'Etat s'élève à neuf millions d'euros.