L'association Emmaüs a ouvert une boutique éphémère dans la galerie marchande d'un centre commercial Carrefour d'Angoulins en Charente-Maritime. Une occasion d’attirer les curieux venus faire leur courses.
Entre un chausseur et une enseigne de prêt-à-porter, sous les néons blafards d'une galerie commerciale, une nouvelle vitrine a émergé. Celle d'une boutique Emmaüs.
L'enseigne solidaire qui propose des vêtements et des objets de seconde main est plutôt habituée aux entrepôts des zones périurbaines. Mais depuis peu, dans le centre commercial d'Angoulins, elle a inauguré sa 4ème boutique éphémère.
"Il y a une boutique Emmaüs dans un centre commercial à Evry en région parisienne et à Orléans, ouvertes depuis un an environ, et une à Grenoble ouverte plus récemment" explique Erwann Briand, l'un des responsables de la communauté Emmaüs de Saint-Agnan.
Se rapprocher de la clientèle rochelaise
Des robes de mariée, des napperons en dentelle, des vestes en tweed, de la vaisselle ou encore des lampes vintage, on trouve de tout dans les boutiques Emmaüs. Des occasions nettoyées et remises en état par des compagnons d'Emmaüs qui permettent de faire une bonne affaire, mais également de participer à la réinsertion de personnes en difficulté financière ou sans abri.
Tout le monde attendait notre présence à La Rochelle. Nous répondons à un besoin naturel, d'autant que le regard sur la seconde main a changé
Erwann Briand, l'un des responsables de la communauté Emmaüs de Saint Agnan
En Charente-Maritime, l'association créée en 1985 par l'abbé Pierre, a établi ses quartiers à Saint-Agnan près de Rochefort. Cette boutique éphémère à Angoulins est une opportunité de se rapprocher d'une autre clientèle, celle de la Rochelle. "Notre zone de collecte des dons est principalement à La Rochelle, nous y passons 3 à 4 fois par semaine. Or, nous n'avons pas de point de vente autour de La Rochelle."
Un partenariat gagnant-gagnant
Le bail se termine en février. "Carrefour nous fait un prix solidaire sur le loyer et prend en charge les autres frais", reconnaît Erwann Briand. "Mais la grande distribution a aussi l'obligation de trouver une solution pour les surplus de produits invendus, l'enseigne pourrait faire elle-même de l'occasion. Elle a préféré nous accueillir".
En effet, depuis la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire en vigueur depuis le 1er janvier 2022, la grande distribution ne peut plus jeter en décharge ou incinérer les invendus non-alimentaires et doit les réemployer de préférence par le don.
Les clients aussi sont gagnants, car Emmaüs ne change pas ses prix. "12€ le manteau, 5€ la robe, des pulls à 3€ et surtout des vêtements pour les femmes, les hommes, les enfants et même les bébés", précise Erwann Briand
Mettre en avant les savoir-faire de la communauté
Le responsable est tout aussi fier du "corner" dédié à "l'upcycling" et au "récup'art". Un coin dans le magasin de 160m² destiné à mettre en valeur le détournement d'objets et la récup' artistique. "Il y a des fauteuils recouverts de vieux jeans par exemple, ou encore une table fabriquée avec des livres", détaille le responsable de la communauté.
Ces objets ne sont pas destinés à la vente. "Cela donne une autre image d'Emmaüs. Un lieu dynamique, de rencontre et créatif" conclut, un sourire dans la voix, Erwann Briand.
Reportage de Sarah Marty et Alexandre Keirle