Un village daté de l'époque carolingienne ( (VIIIe au Xe siècle) a été découvert lors de fouilles préventives avant la construction d'un lotissement à Saint-Sulpice-de-Royan. Ce village comportait une trentaine de bâtiments aux formes mystérieuses.
Les archéologues du Conseil départemental de la Charente-Maritime fouillent cet endroit depuis le mois d'avril dernier. Ils vont bientôt devoir laisser place aux engins de chantier et à la construction d'un lotissement, à l'endroit même que les Carolingiens avaient choisi pour s'établir et construire leurs maisons faites de bois et de terre. Une fois le délai des fouilles préventives passé, les archéologues vont continuer leur travail en laboratoire, notamment pour dater avec certitude le site.
"A la fin des fouilles, en juillet, nous affinerons la datation par des procédés physico-chimiques, notamment sur les ossements d'une femme que l'on a retrouvée enterrée face contre terre. Pour le moment, on se base sur les tessons de céramiques que l'on a retrouvés et leur typologie indique cette période". explique Bastien Gissinger, l'archéologue responsable de la fouille.
Le village aux contours bien délimités était étendu sur 1,6 hectare et 31 bâtiments allant de 15 à 150 mètres ont été retrouvés.
"Il apparaît une vraie volonté d'organisation du village, souligne Karin Robin, cheffe du service départemental d'archéologie. Des parcelles semblent séparées par des fossés, les bâtisses bordent deux axes routiers...".
Des constructions aux formes inédites
Certaines constructions intriguent les archéologues. Ils sont conçus de façon totalement inconnue.
La majorité des constructions présentent une abside à une extrémité. Une abside ressemblant à celles des églises romanes construites siècles pus tard."L'intérêt majeur ici, c'est d'avoir un grand panel, une grande quantité de plans de bâtiments dont certains n'existent pas ailleurs à notre connaissance. On a des bâtiments totalemment inédits dan sleur conception, leur forme, leur superficie et avec une organisation très rigoureuse." explique Bastien Gissinger
Il ne sera pas facile pour les chercheurs de trouver à quoi servait ces absides car il n'y a plus aucun matériau de construction, bois ou pierres. Ils ont disparu avec le temps et "il ne reste plus que les trous dans lesquels étaient fichés les poteaux pour soutenir les maisons" explique Bastien Gissinger. Le travail pourra être facilité par le fait que le site n'a pas été occupé pendant très longtemps, moins de cent ans certainement, et qu'il n'y a aucune trace d'occupation postérieure."On connaît l'abside pour une chapelle ou une église, mais (pas) pour une habitation, une étable ou un grenier à grain", s'étonne Karine Robin.
Reportage d'Eric Vallet, Laurence Couvrand et Maud Coudrin :