Des écluses et des tuyaux pour sauver les anguilles sur l'île de Ré

L'anguille peut de nouveau circuler librement dans les marais de l'île de Ré : pour préserver cette espèce menacée d'extinction, les communes de l'île ont puisé dans les recettes du pont à péage pour financer la reconstruction de 17 ouvrages hydrauliques, parfois vieux de plusieurs siècles.

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"Nous sommes les premiers en France à entreprendre un tel programme en eau salée", s'enorgueillit Lionel Quillet, maire de Loix-en-Ré et président de la Communauté de communes de l'île de Ré.

Fin mars, les derniers travaux du projet se sont achevés avec la remise en état d'une écluse du  Fier d'Ars, la large baie qui s'ouvre sur le Pertuis Breton. Rien de pharaonique : il suffisait de remettre en place les pierres de l'écluse, datant du 18ème ou 19ème siècle, car avec le temps et les intempéries, elles s'étaient déplacées et obstruaient le passage de l'eau de mer entre le chenal et un bassin.

A 30 mètres de là, c'est un large tuyau qui a été installé pour connecter un autre chenal à trois  bassins. "A l'entrée de certains chenaux, des clapets sont également disposés pour faire circuler l'eau dans le sens voulu", explique Hervé Rault, chargé des travaux pour la Communauté de communes.

Un reportage à La Couarde-sur-mer d'E. Vallet, P. Lahaye et N. Pagnoux-Tourret avec les interviews d'A. Barbarin, chargée de mission environnement CDC île de Ré, d'H. Rault, technicien marais CDC Ile de Ré et de Lionel Quillet, président CDC Ile de Ré.


Ailleurs sur l'île, "des écluses en pierres, disposées en escalier, ont également été reconstruites pour permettre aux anguilles de les remonter, comme les saumons remontent les cascades, et d'aller se cacher au fond des marais. 1 500 hectares leur sont désormais accessibles", se réjouit Hervé Rault.  "La philosophie de ce projet repose sur le retour à l'ancienne. La modernité avait imposé des tuyaux en PVC, glissants, plutôt que des pierres. Mais les anguilles ne pouvaient pas les remonter !", souligne Lionel Quillet.

Espèce migratoire


Un seul but à toutes ces réhabilitations : faciliter la circulation des anguilles d'Europe, espèce classée en danger critique d'extinction depuis 2008 par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Car si l'anguille, dont la population décline en France depuis les années 1980, ne peut circuler à son gré, elle ne peut pas non plus se reproduire dans de bonnes conditions.

"Les anguilles naissent dans la mer des Sargasses (ndlr : le long des côtes de Floride, des Bahamas et des Antilles) avant de traverser l'Océan Atlantique pour venir grandir dans les rivières et marais côtiers d'Europe", résume Anaïs Barbarin, chargée de la mission Environnement à la Communauté de communes. "Après trois à six ans, elles font le chemin inverse pour se reproduire et mourir. Les juvéniles arrivent à l'automne et les adultes partent en hiver", indique la spécialiste.
Financé par l'écotaxe, autrement dit le péage du pont reliant l'île de Ré à la Charente-Maritime continentale, ce projet s'inscrit dans le Contrat de restauration et d'entretien des zones humides lancé en 2007. Outre le retour des anguilles dans les marais du nord de l'île, il accompagne aussi celui des sauniers (récoltants de sel), des aquaculteurs et ostréiculteurs.

La survie de l'anguille est également menacée par la pêche illégale à la civelle (aussi appelée pibale dans le Sud-Ouest), son alevin ou bébé-anguille, pour lequel il existe une très forte demande dans certains pays asiatiques, où les amateurs sont prêts à la payer plus de 1 000 euros le kilogramme. Strictement réglementée, cette pêche nécessite une licence spécifique et reste soumise à des quotas. Sa vente hors de l'Union européenne est interdite. Tout récemment, le 14 mars, plus de 500 kg de civelles avaient été saisis par des douaniers de Gironde avant qu'elles ne soient expédiées illégalement vers la Thaïlande.



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