La décision a été publiée au journal officiel ce matin : le projet de parc éolien porté par l'État et le Réseau de Transport d'Électricité public (RTE) sera construit en dehors des zones naturelles protégées. Une décision qui offre des réactions contrastées.
Le parc éolien sera situé à 40 km des côtes, au large de l’île d’Oléron, au-delà des limites du parc naturel marin. Afin d'introduire les deux parcs éoliens, deux nouvelles zones ont été définies comme l'indique la carte publiée au journal officiel ce 29 juillet 2022.
Initialement, le projet a été lancé en décembre 2020. Entre 35 et 70 éoliennes devaient voir le jour au cœur de deux zones protégées, classées "Natura 2000". Les pêcheurs, les associations de protection de l’environnement, soutenues par certains élus oléronais, se sont opposés au projet. Saisie à cette occasion, la commission nationale du débat public (CNDP) a réuni 15 000 participants ont débattu entre octobre 2021 et février 2022. Suite à ces échanges, les conclusions de la CNDP expriment une opposition générale concernant l'emplacement du parc.
L’État s'est donc vu dans l'obligation de trouver un plan B, de sorte à maintenir le chantier. Le parc sera situé plus loin afin de préserver le parc marin et sa biodiversité.
Un accueil mitigé
Fraîchement élu, le député de la 5 e circonscription de la Charente-Maritime - issu de la majorité présidentielle - salue largement une procédure qui, selon lui, "va dans le bon sens". Avec cet éloignement du projet, Christophe Plassard voit même dans le défi technologique à relever, l'occasion de "faire de ce parc éolien, la vitrine d’une technologie nouvelle pour la Charente-Maritime".
Le maire de Saint-Pierre-d'Oléron, Christophe Sueur est lui bien plus critique quant à la décision "Le fait que le projet soit à présent en dehors du parc naturel marin résout quelques problèmes de recours auquel aurait pu faire face l’État, soyons très clairs. Aujourd’hui, l’État s’enlève une épine du pied pour éviter ces recours", pointe-t-il. Dans le viseur de l'édile, l'impact de la construction de ce parc sur l'activité de pêche et sur l'environnement. "L’Office Français de la Biodiversité (OFB) et le ministère de la Transition écologique ont édicté des règles, en particulier dans les milieux maritimes. C’est ce même OFB qui, au nom de l’Écologie, va venir impacter et détruire ces espaces naturels pour installer des éoliennes. C’est extraordinaire", s'exclame Christophe Sueur.
Tout ce qu’on voit nous en tant que marins-pêcheur, c’est qu’on nous enlève des zones de pêche.
Franck Meteau, président de l'organisation des producteurs de la Cotinière.
Sur le port de la Cotinière, à Saint-Pierre-d'Oléron, les marins-pêcheurs ne voient pas non plus la décision d'un bon œil. "On nous a dit qu’on pourrait travailler dans la zone du parc, mais ce n’est vraiment pas garanti, s'inquiète Franck Meteau, le président de l'organisation des producteurs de la Cotinière. Certaines catégories de bateau seront sûrement interdites. Et s'ils ne peuvent plus pêcher dans cette zone, ils vont se rabattre dans d’autres zones qui seront surexploitées et personne n’y trouvera son compte. Automatiquement, il y aura un impact." Avant de résumer : "Tout ce qu’on voit nous en tant que marins-pêcheur, c’est qu’on nous enlève des zones de pêche."
Face aux critiques, le député Christophe Plassard invite tout le monde à "rester dans une posture de compromis et d’échange" et rappelle que "beaucoup de choses peuvent encore bouger". Les études doivent continuer pendant les 2 années que durera l'appel d'offre pour la construction du parc.
À terme, les deux parcs éoliens devraient fournir 1,6 million d'habitants en électricité, soit plus du double de la population de la Charente-Maritime. Selon le gouvernement, les premières éoliennes ne devraient pas être opérationnelles avant 2030.