On vous emmène en tournée avec Jean-Jacques, sur l'ile d'Oléron. Ce marin pêcheur monte à bord de sa camionnette tous les week-ends pour vendre ses poissons. Du pêcheur aux consommateurs, la vente direct a le vent en poupe.
Nous avons passé une journée avec Jean-Jacques Laurent, patron pêcheur et marchand de poisson. Une nouvelle vie qui commence pour lui.
Le bateau est désormais à quai et c'est la fin de marée pour le chalutier de Jean-Jacques, mais à terre, la journée ne fait que commencer. Le jour n’est pas encore levé, il faut préparer la pêche du jour. Pas pour la vendre à la criée, mais pour installer ses poissons à bord de son camion poissonnerie.
Depuis le mois de mai dernier, ce patron pêcheur a décidé de vendre une partie de sa pêche en direct. Il a acheté un camion spécialement aménagé pour cela, et part tous les week-ends faire la tournée des villages.
À 52 ans, Jean-Jacques a décidé de franchir le pas et de réaliser une envie très lointaine ; vendre le produit de sa pêche directement aux consommateurs. “Je voulais faire ça depuis tout petit. J’ai commencé à naviguer à l'âge de 14 ans avec mon père et déjà, j'avais ça en tête pour expliquer aux gens comment je les pêche ces poissons. Et puis aussi l’exemple de poissonniers ambulants à l’époque, il y en avait beaucoup avec leurs camionnettes qui traversaient les villages et il y avait du monde qui les attendait de pied ferme. Alors à un an de la retraite, j'ai décidé d’en faire autant et ça marche très bien, la demande est la ”.
En mer, il faut avoir les pieds sur terre.
Jean-Jacques LaurentPatron pêcheur
Aujourd’hui, ce sont ses fils Thomas et Pierre qui patronnent son Chalutier. Le patriarche, lui, a endossé le rôle d’armateur. “La tournée ne me prend que deux jours par semaine, le reste du temps, je m’occupe du bateau et du matériel. Le bateau reste très peu de temps au port, et lorsque mes fils rentrent, il faut que les filets soient prêts pour reprendre la mer au plus vite. Ça, c'est mon job maintenant, c’est pour ça que je dis toujours qu’en mer, il faut avoir les pieds sur terre".
Week-end de tournée
La journée commence en général la veille. Quand son bateau rentre au port, Jean-Jacques va choisir les poissons qu’il vendra le weekend à bord de son camion poissonnerie. “Ensuite, le lendemain, je vais les chercher à la criée ou je l’ai tout entreposé dans des bacs à part”, raconte le patron pêcheur. “Après, je rentre à la maison pour la mise en place sur l’étal du camion avant de regarder les cours à la criée, c'est-à-dire les prix du jour. Ensuite, c'est le moment de faire la route”.
Place des Tilleuls à la Menouniere (Saint-Pierre d'Oléron)
Il est 8 h 30 ce vendredi, le jour se lève, Jean-Jacques vient à peine de se garer et déjà, et déjà les premières clientes pointent le bout de leurs nez. Marie-Odile ne rate pas ce rendez-vous et vient dès 8 h 30. “Je suis là, même avant qu’il n’arrive, parce qu'il est déjà arrivé qu’il n’y ait plus grand choix”, souligne-t-elle, avant d’ajouter, “moi, je suis originaire du village et ça me rappelle mon enfance quand le poissonnier passait avec sa camionnette. Et puis cela permet aussi de voir nos voisins, de prendre des nouvelles, c’est très convivial et on retrouve une sorte d’esprit de village qui n’existe malheureusement plus”. Marie-José, elle, n’habite pas à l’année dans l’ile, mais quelques mois seulement dans sa résidence secondaire, et elle aussi, apprécie ce type de service d’autrefois, comme elle dit. “C’est plus qu’agréable de voir notre marin pêcheur nous amener son poisson. Il me conseille et me donne même des idées de recette. Aujourd’hui ce seront des encornets farcis et des blancs de seiches panées. Jean-Jacques vient de me dire comment faire”.
C’est très convivial et on retrouve une sorte d’esprit de village qui n’existe malheureusement plus.
Marie-Odilecliente de Jean-Jacques
En quelques heures le banc de poisson a disparu, Notre marin pêcheur ambulant a comme d’habitude, fait les frais de sa notoriété, ce matin-là environ 80 kg de produits de la mer ont été vendus.
“Pourquoi pas continuer après la retraite”
Dans un an, Jean-Jacques Laurent aura le droit de tirer sa révérence maritime pour mettre le cap sur la retraite. Mais vu l’engouement autour de ses tournées, il se pose la question de peut-être continuer cette activité de poissonnerie ambulante. “Et pourquoi pas !”, sourit-il. “À 53 ans, on est encore jeune et puis j’ai de la chance, mes deux fils veulent faire ce métier de marin pêcheur. Ils reprendront le chalutier et moi, je vendrais une partie de leurs poissons. Moi si ça marche, je me vois bien faire cela jusqu'à 60 ans”.