Charente-Maritime : un vaisseau de pierre de 3000 tonnes pour sécuriser le port de Saint-Martin-de Ré

Actuellement en fabrication sur le Grand Port Atlantique de La Rochelle, ce brise-lames en béton armé sera remorqué en octobre prochain jusqu'à l'île de Ré. Un chantier titanesque de 5 millions d'euros financé par le Conseil Départemental de Charente-Maritime.

Eurêka ! C'est sûr, ce bon vieil Archimède avait eu une sacrée inspiration en allant prendre son bain et en constatant que l'eau débordait de sa baignoire. Oui, tout corps plongé dans l'eau subit une force verticale de bas en haut égale au poids du volume déplacé. C'est le principe.

"Un micro Fort Boyard"

Mais il était loin d'imaginé que, 2300 ans plus tard, c'est une digue en béton armé de 72 mètres de long et de 3000 tonnes qui, suivant son principe, allait tranquillement prendre la mer et voguer vers sa destination finale. Car c'est bien ce qui va se passer en octobre prochain.

"On construit un "micro Fort Boyard" que l'on va faire flotter et que l'on va amener sur site", explique Christophe Sueur, conseiller départemental délégué aux infrastructures portuaires. Au fond de la forme de radoub qui accueille généralement de grosses unités de pêche ou de marine marchande, les ouvriers de Vinci Maritime et Fluvial sont à pied d'œuvre. On voit déjà se dessiner ce sarcophage de huit mètres de haut et neuf de large.

"Un brise-lames qui ne sert à rien est dangereux"

Dans l'avant-port de Saint-Martin de Ré, on comprend tout de suite l'intérêt d'un tel ouvrage. Si les vieilles pierres de Vauban ont sans problème résisté depuis trois siècles, le brise-lames construit lui dans les années 90 est en piteuse état. Une tempête hivernale en 2019 l'a littéralement éventré.

"Il y a sans doute eu un problème de conception", confirme Véronique Richez-Lerouge, présidente de la commission portuaire de Saint-Martin, "la tempête a été violente et les deux conjugués, ça donne la destruction progressive de l'ouvrage. Il y avait donc urgence parce qu'un brise-lames qui ne sert à rien est dangereux. Un port doit être protégé pour le confort des usagers et pour leur sécurité. Il y a quand même beaucoup de trafic à Saint-martin et on devait absolument réaliser un nouvel ouvrage de toute pièce".

Comme on le voit sur ce photo-montage, l'ancien brise-lames désormais inopérant, c'est donc cette nouvelle digue à droite, ainsi que deux autres pontons en béton qui prolongeront la digue existante qui vont, à terme, sécuriser le port de plaisance du "Saint-Trop' de l'Atlantique".

"Il y a des ports qui attendent depuis 20 ou 30 ans"

Un chantier de cinq millions d'euros qui aurait été sûrement inenvisageable il y a peu. Car, c'est dans le cadre de la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) que les départements ont reçu la compétence portuaire, précédemment dévolue aux municipalités.

"Il y a deux ans encore, les communes entretenaient les ports et ils arbitraient", explique Véronique Richez-Lerouge, "mais on s’aperçoit que des choses n’ont pas été faites, des choses qui auraient dû être faites. En reprenant la gestion des ports, le département doit investir énormément aujourd’hui et ce n’est pas forcément un cadeau. Il y a des ports qui sont bien entretenus mais d’autres qui sont dans des états assez catastrophiques, ce qui n’est pas le cas de Saint-Martin".

Depuis ce transfert de compétence, un diagnostic a donc été réalisé en Charente-Maritime. D'ores et déjà, des chantiers sont en cours d'étude sur le chenal de Boyardville sur Oléron ou à Bourcefranc par exemple. Seule une collectivité comme un département a la force de frappe nécessaire pour les réaliser.

"Il y a des ports qui attendent depuis 20 ou 30 ans que l’on refasse soit un quai soit un accès", constate Christophe Sueur, "et quand on liste l’ensemble de ces travaux, on est sur un budget de 30 ou 35 millions d’euros sur cinq ans. Ce n’est pas nécessaire, c’est obligatoire. On a la chance d’avoir en Charente-Maritime, un bassin de navigation extraordinaire, un des plus grands d’Europe, où on peut pratiquer toute sorte de plaisance. Notre rôle, c’est que ça se passe de la manière la plus heureuse et la plus confortable".

Et tout ça donc, on y revient, on le doit un petit peu à monsieur Archimède. On a hâte de voir notre "micro Fort Boyard" prendre la mer. Cela ne se fera évidemment qu'avec une météo des plus clémente et des conditions de mer optimales. A une vitesse de 2 ou 3 nœuds, il faudra bien deux bonnes heures pour que le brise-lames arrive à bon port.

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