Seine Grands Lacs profite de l'automne et de l'hiver pour mener d'importants travaux sur le barrage du lac d'Orient, dans l'Aube. Débutés en cette année 2024, ils doivent s'achever en 2027. Au total, 250 000 tonnes de roches vont être placées sur la digue pour la renforcer.
C'est à la fois un travail de fourmi et de titan. D'importants travaux sont en cours au lac d'Orient, situé dans l'Aube, à quelques kilomètres à l'est de Troyes, afin de renforcer le barrage. En quatre ans, 250 000 tonnes de roche vont y être installées.
Cette étendue d'eau artificielle d'une capacité de stockage de 206 millions de mètres cubes a été mise en service en 1966. Installée en dérivation du cours de la Seine, elle a deux missions principales : le soutien du débit du fleuve, en période de sécheresse, et la gestion des crues, lorsque les pluies sont trop importantes. Le lac d'Orient est l'un des quatre grands réservoirs gérés par Seine Grands Lacs.
En cette mi-novembre, le lac est rempli à 6% de sa capacité et est donc loin de s'étaler sur les 28,9 km² de superficie qu'il peut atteindre lorsqu'il atteint sa cote d'exploitation. Même si le paysage sur les berges change radicalement, la vidange de cet automne 2024 est classique. "On est dans ce qu'on appelle la tranche de réserve. En 2017 et 2019 par exemple, on était descendu un peu en dessous de l'altitude actuelle", indique Marc Delannoy, directeur des aménagements hydrauliques.
Le barrage fatigué par l'action des vagues
Au pied du barrage de la Morge, des pelleteuses s'affairent pour installer un à un d'énormes blocs de pierre, pour des travaux dits d'enrochement. Ces blocs, semblables à ceux qu'on peut trouver sur les plages de l'Atlantique par exemple, vont venir casser l'énergie des vagues.
Car oui, même en plein cœur de l'Aube, il y a des vagues. "Sur la longueur extrême du lac, on a plus de sept kilomètres. Quand on est dans des phases de tempête importantes, le vent se met à souffler à plus de 100 km/h. De façon théorique, la houle peut faire jusqu'à 1,80 mètre de haut", souligne Marc Delannoy.
"Le barrage a 58 ans. On ne s'en rend pas compte, mais les vagues viennent frapper le parement du barrage. Cette houle finit par fatiguer l'ouvrage", explique-t-il.
Des fissures de plus en plus importantes sont apparues au fil du temps sur la couche de béton bitumineux qui recouvre le cœur de l'ouvrage, en argile. Si des réparations ponctuelles ont eu lieu depuis l'inauguration, c'est la première fois que des travaux si conséquents sont entrepris sur le barrage.
Vu la hauteur du barrage, plus de 20 m de haut, vu sa longueur, plus de 3 km de barrage, il est impossible en un hiver de pouvoir recouvrir l'ensemble d'enrochement.
Marc Delannoy, Seine Grands Lacs
Une vidange intégrale en 2025
Les travaux, qui ne peuvent avoir lieu que sur les mois d'automne et d'hiver, quand le niveau du lac est le plus bas, vont s'étaler jusqu'en 2027. C'est l'an prochain qu'ils seront les plus impressionnants, car le lac sera entièrement vidangé, pour pouvoir enrocher le pied du barrage. "Ce n'est pas arrivé depuis 2008", rappelle Marc Delannoy.
Des actions spécifiques pour la biodiversité seront alors menées, avec des pêches de sauvegarde pour capturer les poissons qui vont se retrouver dans les poches d'eau créées par la vidange. "Ils seront pêchés et remis dans les lacs à côté." L'impact sur les oiseaux sera également surveillé de près, assure notre interlocuteur.
Les 250 000 tonnes de roche nécessaires pour l'ensemble du chantier sont issues d'une carrière située à Vignory, en Haute-Marne, à environ 70 kilomètres. Les travaux sont chiffrés à 25 millions d'euros, financés pour moitié par Seine Grands Lacs. L'autre moitié étant répartie entre le ministère de la Transition écologique, le conseil régional du Grand Est, l'Union européenne et l'Agence de l'eau Seine-Normandie.