Il y a dix ans, dans la nuit du 27 au 28 février, la tempête Xynthia a semé la désolation sur le littoral charentais et vendéen. Elle a causé la mort de douze personnes en Charente-Maritime et près de 5.000 maisons ont été inondées. Malgré tout, certains habitants ont voulu rester dans leur maison.
Au petit matin du 28 février 2010, les maisons des Boucholeurs, situé à cheval sur les communes d'Yves et de Châtelaillon, sont submergées par les eaux sous l'effet de vents violents atteignant 160 km/h associés à un fort coefficient de marée. La tempête Xynthia dévaste le village ostréicole, les deux tiers des 400 maisons sont inondées et certaines totalement dévastées.
La polémique sur les zones noires
Xynthia a fait au total 47 morts sur le littoral français dont deux sur la commune de Châtelaillon, un couple de personnes âgées pris au piège dans leur maison.En mars 2010, Nicolas Sarkozy, en visite aux Boucholeurs, affirme que l'Etat ne laissera pas "se réinstaller des gens dans des maisons situées dans des lieux où il y a un risque mortel.
Les préfectures sont chargées d'établir des zones noires où les habitations devront être détruites après avoir été rachetées par l'Etat. L'instauration de ces zones provoque l'opposition de nombreux habitants qui veulent conserver leur maison malgré les risques. Des manifestations sont organisées, des recours devant la justice entamés et en septembre 2011, la mise en place de la zone noire des Boucholeurs est abandonnée. Après Xynthia, 70 % des maisons du quartier des Boucholeurs (Châtelaillon et Yves) ne seront pas détruites.
"Pas question de quitter les boucholeurs"
Dieter Ankenbrand fait partie de ceux qui ont résister aux pressions pour vendre sa maison et aller vivre ailleurs. Pour lui, il s'agissait avant tout d'assurer la survie du village.On a voulu aider à sauver le village. Plus de gens restaient mieux c'était...en plus dans la maison on a eu que 12 centimètres d'eau.
La coiffeuse du village, Olivia Prévost, dont le salon est pourtant situé face à la mer n'a jamais, elle aussi, envisagé de partir. Une décision motivée par une question de moyens financiers mais aussi par l'attachement personnel aux lieux dans lesquels elle a grandi.
"Seules les maisons d'habitation étaient indemnisées et pas les commerces. Moi ça faisait déjà dix ans que j'étais installée donc il était hors de question de quitter les boucholeurs. D'autant que cette maison est celle de mon arrière grand-mère, il n'était pas possible de partir."
Des mesures de protection
Ceux qui ont choisi de rester par attachement et ceux qui ne pouvaient pas faire autrement, tous vivent aujourd'hui dans un village qui a changé de visage et s'est adapté pour lutter contre les éléments. Le village, dont le front de mer a été transformé, est désormais protégé par des digues, des lames de fond, des canalisations, des systèmes d'évacuation de l'eau.
Une digue de cinq kilomètres destinée à empêcher l'eau d'entrer par les marais doit aussi être construite.
Pour Jean-Louis Léonard, le maire de Châtelaillon-plage dont dépend en partie le village des Boucholeurs, les enseignements de la tempête Xynthi ont été tirés.
"On a travaillé pour faire des protections mais aussi pour éduquer les gens et développer la culture du risque. Il faut vivre avec le risque mais on ne doit pas exposer les gens à un risque mortel."
Jean-Louis Léonard était l'invité de France 3 Poitou-Charentes. Il répond aux questions d'Elodie Gérard :"En 10 ans, on a fait plus que dans les 50 dernières années."