Une soixantaine de tortues ont été relâchées dans l'eau, sur la plage de la Conche des Baleines de l'île de Ré, par le Centre d’études et de soin pour les tortues marines (CESTM) de l'aquarium de La Rochelle. Cet hiver, les échouages ont atteint des niveaux exceptionnels sur le littoral atlantique.
Elles entament à leur vitesse de croisière leur retour vers l’océan. Plus d'une soixantaine de tortues marines ont été relâchées sur une plage de l'île de Ré, mardi 28 mai. Ce sont les équipes de l’aquarium de La Rochelle qui ont géré cette mise à l'eau, sous le regard de nombreux curieux et curieuses comme Clément. "Ça fait plaisir de les voir retourner à l’eau. Certaines, quand elles sont arrivées, étaient malades ou mal en point. Le fait qu’elles aient réussi à s’en sortir et qu’elles puissent à retourner dans l’eau, dans leur habitat naturel, c’est cool à voir."
Un nombre record de tortues échouées
Un sentiment partagé par Charles, médusé par le départ de ces reptiles. "C’était incroyable. C’était un moment unique que l'on ne pourra voir qu’une seule fois. On a étudié un grand nombre d’informations sur les tortues en allant à l’aquarium, en participant à des visioconférences avec des spécialistes", confie-t-il.
Toutes ces tortues ont été sauvées entre le mois d'octobre et celui d'avril, de la côte basque jusqu'au Pas-de-Calais, par le Centre d’études et de soin pour les tortues marines (CESTM) de l'aquarium de La Rochelle. En cinquante ans, les membres de ce centre n’en avaient jamais recueilli autant.
Sur les 130 recueillies, la moitié est encore à l’aquarium de La Rochelle, comme Pintala. "Elle a été retrouvée sur la côte vendéenne par des pêcheurs", raconte Florence Dell'Amico, responsable et capacitaire du CESTM. "On est allé la récupérer : cette tortue avait beaucoup d’algues, de crustacés sur sa carapace. Elle était en hypothermie et déshydratée. Le fait d’avoir autant d’animaux nous permet de détecter certaines malformations qui peuvent exister chez les tortues marines."
Florence Dell’Amico s’occupe seule de tous ses pensionnaires. Elle amasse des connaissances sur ces espèces marines protégées. "On retrouve tout un tas de déchets que l’on récolte dans les excréments des tortues marines qui sont arrivées dans notre centre de soins. Elles sont de bonnes indicatrices de la qualité du milieu marin. Des protocoles sont mis en place dès l’accueil de tortues marines pour déterminer si elles ont ingéré ou non des déchets. Cela nous permet d’établir un panel de choses que l’on peut rencontrer : ça va des petits morceaux de fils de nylon, à des morceaux de plastique. Sur un animal comme la tortue, ça ne fait pas du bien d’ingérer tout cela."
Les tempêtes Ciaran, Céline et Domingos en cause
Mais quelle est la cause de cet échouage dix fois plus important que les autres années ? Pour Tony Candela, doctorant océanologue au CESTM, cet échouage massif des tortues est dû aux phénomènes météorologiques intenses. "Cette année, on a eu des courants particulièrement forts, notamment à cause des tempêtes qu’il y a eues à l’automne sur la façade atlantique française. Ce qui a fait que les courants étaient plus orientés vers le golfe de Gascogne, donc plus de tortues se sont retrouvées dans la région. En hiver, les eaux sont relativement froides ici, suffisamment pour assommer les tortues. Cela engendre une arrivée massive d'animaux qui s’échouent sur les côtes françaises."
Pour étudier leur parcours et leur comportement, les plus grosses ont été munies de balises avant d'être remises à l'eau. Il est possible de suivre leur périple au quotidien sur le site de l'Aquarium de La Rochelle.