2019 restera comme une année record pour les vols d'huîtres chez les producteurs du bassin de Marennes-Oléron. Presque 25 tonnes ont été dérobées directement chez les ostréiculteurs, il faut remonter à 2011 pour trouver un chiffre encore plus impressionnant, avec 40 tonnes d'huîtres volées.
Malgré la surveillance renforcée des gendarmes, les vols dans les exploitations de Marennes-Oléron sont beaucoup plus nombreux cette année, avec près de quatre fois plus de coquillages dérobés qu'en 2018.
La brigade nautique de la gendarmerie de Charente-Maritime a beau faire, les vols d'huîtres sont en nette recrudescence depuis le début de l'année: 24,7 tonnes ont disparu des parcs qui s'étendent le long du littoral ou dans les claires d'affinage, à terre, contre 6,6 tonnes l'an dernier.
Pourtant, les gendarmes multiplient les opérations de surveillance: contrôle des claires et des routes à terre, approche en canoë-kayak à travers les canaux d'irrigation qui relient les claires à l'océan, drones aériens, surveillance nautique, inspection des étals de marchés...
"2019 est une année noire"
Malgré cette surveillance accrue, 24 plaintes ont déjà été déposées cette année. Parmi les ostréiculteurs victimes de ces vols, Patricia Margat, exploitante à FourasC'est la brigade nautique de Charente-Maritime qui est en charge de la surveillance du littoral. Pour l'adjudant-chef Christophe Laferrière, 2019 est une année noire pour les vols d'huîtres.On nous a volé 600 kilos d'huîtres en même pas trois quarts d'heure en octobre. On a mis les huîtres en parc le vendredi et le lundi c'était fait. Et encore, les voleurs ont dû être dérangés par quelqu'un qui arrivait sur la passe d'accès parce qu'ils avaient détaché des poches qu'ils n'ont pas prises. Des huîtres prêtes à vendre. Ce n'est pas la première fois qu'on nous vole, mais là la quantité est importante.
L'enjeu économique est particulièrement important car la Charente-Maritime représente le tiers des expéditions nationales d'huîtres, soit quelque 30.000 tonnes faisant vivre un millier d'exploitants locaux.C'est la catastrophe, une année noire, on ne comprend pas ce qui se passe.
Des vols entre ostréiculteurs ?
Il faut remonter à 2011 pour trouver un total de vols plus important. Cette année-là, 40 tonnes avaient disparu, souvent la nuit. Mais à cette époque, la très grande mortalité des huîtres juvéniles, qui impactait jusqu'à 90% du cheptel depuis 2008, pouvait expliquer ces razzias, souvent attribuées à d'autres ostréiculteurs.Aujourd'hui, les huîtres sont en bonne santé et cette explication ne tient plus alors que les vols se multiplient.
L'adjudant-chef Christophe Laferrière constate que ces vols interviennent de plus en plus tôt dans l'année.C'est plus facile de voler que de travailler.
Daniel Coirier, président du Comité régional de la conchyliculture de Poitou-Charentes.
Parfois, ce sont quelques poches de 13 kg d'huîtres qui disparaissent, ce qui pourrait être le fait de particuliers. Mais lorsque 2,4 tonnes sont volées sur l'île de Ré, ou encore 3,8 et 5,3 tonnes d'un seul coup dans le bassin de Marennes-Oléron, "il faut des moyens humains et matériels. Ça ne peut être que l'oeuvre de professionnels", pense Daniel Coirier."D'ordinaire les vols sont commis à l'automne, avant les fêtes, mais cette année on en a eu dès les mois de janvier et février, puis en juillet et en août, dans les claires comme dans les parcs".
Des parcs mieux identifiés et l'huître connectée
Pour enrayer le phénomène, l'adjudant-chef Laferrière propose que les parcs soient mieux délimités.Pour lutter contre ses vols, certains ostréiculteurs choisissent de tracer leur production à l'aide d'un GPS cachées dans les poches d'huîtres. ont fait la preuve de leur efficacité mais ennes sont peu répandues.Il faudrait que l'on puisse clairement identifier les parcs à huîtres, qui ne sont délimités que par un bâton ou un fanion. On a fait une demande au service des cultures marines de Charente-Maritime pour avoir le cadastre des claires et effectuer ainsi des contrôles plus facilement. Il faudrait aussi que les ostréiculteurs installent des clôtures autour des claires, ou des caméras, ou bien fassent appel à des agents de sécurité.