Au phare de Cordouan, le seul en mer encore en activité, le confinement a mis un coup d'arrêt aux visites et aux travaux en cours. Les deux gardiens se retrouvent seuls face à l'océan, ce qui n'est pas pour leur déplaire.
Si pour certains d'entre nous, ces semaines de confinement riment avec étouffement; d'autres vivent en revanche cette période avec une grande zénitude. C'est le cas par exemple des gardiens du phare de Cordouan, situé à l'embouchure de l'estuaire de la Gironde. Ils se relaient par équipe de deux tous les quinze jours. Ces jours-ci, c'est le tour de Stéphane Caillon et Mathieu Latapie.
Et on ne s'avance pas beaucoup en écrivant qu'ils ont probablement l'une des plus belles vues de confinés. Cette petite vidéo envoyée par Stéphane Caillon en témoigne. Après 301 marches, il nous emmène à 68 mètres de hauteur où la vue est époustouflante depuis la lanterne.
Alors qu'à cette période, un flot de visiteurs devrait débarquer sur le phare (il peut y en avoir jusqu'à 24.000 chaque année), voilà les gardiens de ce monument emblématique vieux de 400 ans au repos forcé.Ce calme, le bruit des mouettes, le vent et les vagues, c'est la nature que j'aime.
- Stéphane Caillon, gardien du phare de Cordouan
Sur le phare quasi désert, le bruit des vagues et les cris des mouettes ont remplacé le vrombissement des compresseurs et des groupes électrogènes. Les deux hommes sont en tête à tête, à sept kilomètres des côtes.
On sent bien la différence, il vaut mieux être avec un collègue qu'on apprécie.
- Mathieu Latapie, gardien du phare de Cordouan
S'ils sont seuls, ils ne sont pas desœuvrés pour autant. Sur un phare, comme sur un bateau, il y a toujours quelque chose à faire.
La journée des deux hommes est donc rythmée par un peu d'entretien sur le bâtiment et des tâches du quotidien : faire un peu de ménage et préparer les repas. L'approvisionnement en nourriture ne se fait que tous les 15 jours lors de la relève.
Les gardiens le confessent, durant ces quinze jours de confinement passés en mer, ils sont privilégiés. "On est pas mal dehors. On pêche à pied, on se balade sur le plateau, on profite du fait d'être là pour s'aérer" se réjouit Mathieu.
Quelques marches à dévaler et les voilà sur le plateau qui se découvre à marée basse et offre une vue à 360 degrés sur l'océan Atlantique.
Les gardiens de Cordouan partagent d'ailleurs leur quotidien sur leur page Facebook. Couchers et levers de soleil, partie de pêche au harpon, ou même une simple assiette d'huîtres ramassées sur le plateau de Cordouan...
Les images qu'ils postent sont appréciées et régulièrement commentées par de nombreux internautes, contraints de vivre le confinement à terre.
Rien de tel que l'air du large pour apprécier de prendre le temps, visiblement. "Ici, on prend conscience que la vie c'est d'être dans un lieu où on profite pleinement de la nature, plutôt que d'être à terre, toujours le nez dans le guidon" observe Stéphane Caillon, philosophe. On le croit volontiers.
Reportage de Florent Loiseau et Christophe Pougeas :
Où est le phare de Cordouan ?
Bientôt au patrimoine mondial de l'Unesco ?
2020 pourrait marquer un tournant pour le phare de Cordouan. La France a en effet demandé l'inscription du "Versailles des mers" au patrimoine mondial de l'Unesco.La réponse du comité est attendue à la fin du mois de juin ou au début du mois de juille, lors de sa prochaine réunion en Chine. Malgré le contexte de pandémie de coronavirus, la réunion est à ce jour toujours inscrite à l'agenda de l'Unesco.