Des sucres d'algues contre le cancer, les prometteuses recherches d'un laboratoire de La Rochelle

Les chercheurs du laboratoire BCBS de l'Université de La Rochelle travaillent sur un programme visant à freiner le développement des tumeurs cancéreuses grâce à des molécules d'algues.

Traiter le cancer grâce à des molécules issues des algues marines. L'espoir est immense et il émane de scientifiques de l'Université de La Rochelle. Les chercheurs du laboratoire BCBS (Biotechnologies et Chimie des Bioressources pour la Santé) y travaillent depuis plus de dix ans.

La clé de leur découverte se nomme "hépanarase". Un nom compliqué qui cache une protéine clé dans le développement d'une tumeur. Une macro-molécule impliquée dans la création de vaisseaux sanguins autour d'une tumeur mais aussi dans l'invasion et la migration des cellules tumorales dans les tissus. "Sa présence dans l'organisme est signe de mauvais pronostics pour le malade" explique Thierry Maugard, le patron de l'équipe de recherche.

Bloquer les tumeurs

Ce que tente de réussir son laboratoire, c'est de lui barrer la route. "Pour bloquer cette hépanarase, on extrait les molécules des algues rouges, brunes ou vertes, on les transforme pour les rendre bio-actives, et le résultat donne des sucres complexes potentiellement efficaces"  précise encore le professeur de biochimie.

Au delà du processus scientifique schématisé pour la compréhension des non-initiés, ce sucre marin se révèlerait donc un anti-cancéreux prometteur.

Bloquer cette protéine permettrait potentiellement de ralentir le développement des mélanomes, des métastases et donc de freiner l'évolution de la tumeur.

Thierry Maugard, directeur du laboratoire BCBS/ LIENSs CNRS

Ces recherches, démarrées en 2011, ont été remarquées par le CNRS qui vient tout juste de reconnaître le laboratoire BCBS avec une thématique de recherche "cancer" intégrée à ce label. Un gage supplémentaire pour la Ligue contre le Cancer, fidèle soutien financier de l'équipe rochelaise. Elle lui a déjà versé plus d'un million d'euros, dont 200.000 € pour la seule année 2021. 

"C'est très intéressant d'extraire des molécules de milieu naturel qui sont proches" se félicite le président du comité départemental de la Ligue. "Les algues sont une source de molécules considérable dont on est très loin d'avoir épuisé le potentiel pour soigner les pathologies" poursuit Jean-Marie Piot. 

Longue haleine

De là à commercialiser ce traitement, il y a encore un énorme pas à franchir. Dans le laboratoire rochelais, tout se passe pour le moment en éprouvette et sur des souris. Il faudra sans doute des années pour déclencher la phase suivante : des tests cliniques sur des humains.

Seule l'industrie pharmaceutique est en mesure de les financer. Thierry Maugard ne désespère pas d'y parvenir. "J'espère qu'on aura un jour un industriel qui voudra nous accompagner et qui décidera d'aller plus loin avec nous." 

De quoi entretenir l'espoir pour les quelque 400.000 personnes diagnostiquées d'un cancer chaque année en France.  

 Reportage de Valérie Prétot et Joël Bouchon

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