Une salle du Palais Bourbon a été baptisée du nom de l'ancien député-maire de La Rochelle ce matin. Après plus de vingt ans sur les bancs de l'Assemblée, Michel Crépeau, décédé en 1999, laisse le souvenir d'un orateur hors pair et d'un homme de conviction.
"Je n'ai jamais siégé dans l'Hémicycle après minuit. Car, après minuit, on vote des conneries. A minuit, un radical dort ou baise !" Pour ceux qui s'en souviennent, Michel Crépeau avait le verbe haut, et pas seulement dans les colonnes du Canard Enchaîné. Car au Palais Bourbon, avant minuit, le député-maire rochelais a surtout laissé des souvenirs impérissables de long discours improvisés et de grands coups de gueule.
C'est peut-être grâce à toutes ces envolées lyriques que Richard Ferrand, Président de l'Assemblée Nationale, a accepté exceptionnellement d'inscrire le nom du député sur une des salles de l'institution. Une première, un privilège que le radical de gauche partage désormais avec un dénommé Colbert.
C'est Colette Chaigneau, sa suppléante à l'époque et présidente de l'association des amis de Michel Crépeau qui, avec le député de Charente-Maritime Olivier Falorni, sont à l'origine de cet hommage. La démarche inhabituelle avait été initiée il y a plus de deux ans et demi déjà mais la crise sanitaire avait quelque peu bousculé l'agenda. Symboliquement, c'est pour la dernière journée parlementaire de la mandature que s'est tenue la cérémonie.
"C'est une très belle salle qui donne sur la cour d'honneur de l'Assemblée où Michel Crépeau réunissait le groupe Radical Citoyen et Vert (RCV) qu'il présidait de 97 à 99", explique Olivier Falorni, "il y a unanimité pour dire que c'était un grand parlementaire, un exceptionnel orateur et quelqu'un de très chaleureux pour ceux qui l'ont côtoyé. Il a malheureusement aussi marqué les esprits de la façon dont il est décédé, sur scène comme Molière".
Tout le monde garde en effet en mémoire ce funeste jour de mars 1999 quand le député de Charente-Maritime s'effondre sur le banc de l'Assemblée. Mais c'est bien pour son engagement politique que le Palais Bourbon lui rendait hommage aujourd'hui.
"C'était quelque chose qui me tenait à cœur", nous confie Colette Chaigneau, "je garde le souvenir de quelqu'un de simple, de constructif, quelqu'un qui osait. A l'Assemblée, tout le monde l'écoutait, on savait qu'il allait mettre une pointe d'humour dans chacune de ses interventions. Les gens disaient "on va entendre le vent du large" !"