Le Shtandart, réplique fidèle d'un navire du XVIIIe siècle, et son capitaine Vladimir Martus, sont contraints à une errance forcée à la suite des sanctions internationales liées à la guerre en Ukraine. Cette histoire est à découvrir dans un documentaire "L'incroyable odyssée du Shtandart" à voir jeudi 17 octobre à 22h50 sur France 3 Nouvelle-Aquitaine et sur la plateforme france.tv
Le Shtandart, majestueuse réplique d'une frégate du XVIIIe siècle, initialement sous pavillon russe et a adopté celui des Îles Cook depuis avril 2024, est devenu un symbole inattendu de la crise ukrainienne. Ce navire, construit en 1999 par son capitaine russe Vladimir Martus et un groupe de passionnés, était initialement destiné à être un havre de paix, un lieu où revivait l'esprit des grands explorateurs. Mais le contexte géopolitique actuel a transformé cette odyssée maritime en une véritable épreuve pour son capitaine et son équipage.
Pour Vladimir Martus, ce n'est pas seulement un navire, c'est un idéal, un mode de vie. Il y a consacré une grande partie de sa vie, transmettant aux jeunes générations les valeurs de la mer et de la liberté.
EXTRAIT de "L'incroyable odyssée du Shtandart"
Depuis le déclenchement de la guerre d'agression de la Russie en Ukraine, le Shtandart est persona non grata dans de nombreux ports européens, comme à Brest, Rouen ou encore Dahouët, où le bateau n'a pas eu le droit d'accoster cet été. Accusé d'être un navire espion par certains, Vladimir Martus nie les accusations portées contre lui et se dit opposé à la politique du Kremlin.
Je suis orphelin depuis 12 ans, je ne peux pas rentrer (en Russie). Des gens hostiles ont pris ma patrie.
Vladimir Martuscapitaine du Shtandart
"Ici (en Europe) je me sens libre, dans un monde où on peut s'exprimer, tant que je n'empiète pas sur la liberté des autres", confie le capitaine.
Exilé de force à bord de son trois-mâts depuis plus de dix ans, Martus se retrouve prisonnier d'un rêve devenu cauchemar. Loin de ses proches, il navigue sur les océans, ballotté par les flots et par les événements. Pour vivre sur son bateau, il organisait des croisières, mais il est dorénavant empêché.
Le Shtandart, qui était censé être un pont entre les peuples, est devenu un symbole de division et d'isolement.
Cette situation soulève de nombreuses questions : le Shtandart parviendra-t-il à survivre à cette épreuve ? Quel avenir pour ce navire et son équipage, devenus des victimes collatérales d'un conflit qui les dépasse ? Ce documentaire, tourné entre mai et septembre 2023, montre la difficulté pour son capitaine et l'équipage du navire, d'accoster dans certains ports européens et les contraintes qui existent.
Projection en avant-première du documentaire à La Rochelle
France 3 Nouvelle-Aquitaine avait organisé une projection en avant-première du documentaire "L'incroyable odyssée du Shtandart", en présence du capitaine Vladimir Martus, Mélanie Gribinski la réalisatrice, Anne Fredon & Xavier Delpech les producteurs. L’avant-première, organisée lundi 23 septembre dernier à l'Espace Encan de La Rochelle, avait rassemblé près de 400 personnes.
Malgré l'invitation de l'équipe de production à un débat post-projection, les détracteurs de l'événement n'ont pas souhaité y participer.
Lors du passage du navire à La Rochelle, quelles ont été les réactions ?
"Lors de l'arrivée du Shtandart à La Rochelle, nous avons reçu trois à quatre messages de personnes qui s'interrogeaient sur la légitimité de son accueil, compte tenu de son origine russe et des sanctions internationales en vigueur. Ces doutes ont rapidement été dissipés par les services de l'État qui ont confirmé que, bien que russe, le navire ne figurait pas sur la liste des navires soumis aux sanctions. Le port, quant à lui, n'ayant pas de pouvoir décisionnel en la matière, s'est limité à mettre à disposition les infrastructures nécessaires, conformément aux directives des services de l'État.", nous confie Patrice Bernier, Maître de port principal du Port de plaisance de La Rochelle.
Pourquoi ce navire historique s'est-il retrouvé dans cette situation ?
En réponse à l'agression russe, l'Union européenne a adopté, dès 2014, des sanctions économiques à l'encontre de la Russie. Ces sanctions ont été renforcées en 2022, avec notamment l'interdiction pour les navires battant pavillon russe d'accéder aux ports européens. À ce moment-là, les autorités françaises ont considéré que le Shtandart ne remplissait pas les conditions pour être soumis aux sanctions européennes.
En juin 2024, un nouveau règlement européen a élargi le champ de ces sanctions en incluant les répliques de navires historiques.
"Bien que les répliques de navires historiques soient désormais visées par les restrictions d'accès aux ports, le Shtandart ne semble pas concerné par cette mesure. L'interdiction cible les navires impliqués dans des activités commerciales générant des revenus pour la Russie (défense, sécurité, pétrole, énergie, sécurité alimentaire), ce qui n'est pas le cas du Shtandart." nous explique Michel Balique, Président des Amis des Grands Voiliers et défenseur du Shtandart.
Cette situation soulève de nombreuses questions. Le Shtandart, un navire à but non lucratif utilisé à des fins éducatives, n'a pas de lien avec l'effort de guerre russe et a volontairement changé de pavillon pour se conformer aux exigences des services de l'État.
L'issue de cette affaire sera suivie avec attention par les acteurs du monde maritime.
Sources : Règlement (UE) No 833/2014 du Conseil du 31 juillet 2014, modifié par le Règlement (UE) 2024/1745 du Conseil du 24 juin 2024.
"L'incroyable odyssée du Shtandart" diffusé jeudi 17 octobre à 22.50 sur France 3 Nouvelle-Aquitaine
Le documentaire "L'incroyable odyssée du Shtandart" est diffusé ce jeudi 17 octobre 2024 à 22.50 sur France 3 Nouvelle-Aquitaine et sur france.tv.
Un documentaire réalisé par Mélanie Gribinski et produit par Anne Fredon & Xavier Delpech pour Feel Good Productions.