Le melon charentais va-t-il changer de nom ?

L’appellation melon “charentais” est sur la sellette. La provenance du fruit n’étant pas en lien avec le nom donné au fruit et désigne en réalité sa variété. Dans le Poitou, les producteurs du fruit star de l’été veulent rompre avec toute confusion.

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Le saviez-vous ? Le melon “charentais” n’a rien à voir avec la Charente. Cette appellation fait référence à la variété du fruit et non pas à sa région de provenance. “Souvent, on trouve des melons charentais qui viennent d'Espagne", reconnaît une habitante de Vendeuvre-du-Poitou (86) venue faire son marché. 

Cette appellation est en réalité un abus de langage, hérité de l’époque royale. Sous Louis XIV, “la Charente va devenir terre de culture du melon. Reconnue alors comme étant l’une des régions de production les plus importantes”, explique l’association interprofessionnelle du melon (AIM), basée à Bordeaux. Selon elle, le succès est tel que la Charente “va donner son nom au type de melon le plus consommé, le melon charentais”. 

Une production basée au Maroc et en Espagne

Mais les choses ont bien changé depuis le siècle du Roi Soleil. Aujourd’hui, le melon charentais consommé en France est en réalité majoritairement produit à l’étranger. “Le melon charentais “vert” est essentiellement produit au Maroc et en Espagne”, révèle l’AIM. Son cousin, le melon charentais “jaune”, est lui “majoritairement produit dans le Sud-Est et le Centre-Ouest de l’Hexagone”, précise l’association.

Une aberration pour certains producteurs de melons charentais. Certains souhaitent supprimer cette appellation pour mettre fin à la confusion. Le ministère de l’Economie a été approché, mais le processus est long. “L’Europe s’est penchée dessus. L’appellation “charentais” va être interdite parce qu’elle désigne une variété, pas la provenance”, insiste Didier Dupuis, membre de l’Académie du melon. 

L’ONU doit se prononcer

Pour remplacer cette appellation désormais contestée, certains ont déjà des pistes. “On pourrait dire melon du Poitou”, propose Fabrice Berge, producteur de melons charentais à Vendeuvre. Il reconnaît toutefois qu’il faut “encore réfléchir, puisqu’il y a déjà le melon du Haut-Poitou qui a toujours existé”.

Ce sont les Nations unies qui devront trancher. L’organisation internationale, à travers sa commission économique pour l’Europe (CEE-ONU) dirige l’UNECE, un groupe de travail des normes de qualités agricoles, serait l’autorité compétente en la matière. Comme elle le rappelle sur son site internet, cette instance doit “faciliter le commerce international, à favoriser la production de produits de qualité, à améliorer la rentabilité des producteurs et à protéger les intérêts des consommateurs”.

Reportage de Sarah Marty et Marion Lompageu

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