En réaction au vote de censure contre le gouvernement de Michel Barnier, les agriculteurs de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs ont mené des actions contre des permanences de députés du Nouveau Front populaire et du Rassemblement national. Entrées murées ou dépôts de fumier, ils estiment que le vote "met en péril les conditions de travail de nos agriculteurs".
Après le vote de la censure contre le gouvernement de Michel Barnier, les agriculteurs de la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA) ont mené dans la nuit de jeudi à vendredi des actions contre des permanences de députés du Nouveau Front populaire (NFP) et du Rassemblement national (RN), responsables "de nous enfoncer plus bas la tête sous l'eau", selon une affiche postée par les agriculteurs.
On vous a défendus, et vous venez nous emmerder ! Allez vous faire voir !
Caroline ColombierDéputée de la Charente (RN)
À Ruffec, la députée de la Charente, Caroline Colombier (RN) a laissé sa colère éclater à la vue du fumier déverser devant sa permanence. "Je suis désolée, on vous a défendus, et vous venez nous emmerder ! Allez vous faire voir ! Je ne discute pas avec des gens comme ça", a-t-elle lâché devant un agriculteur qui l'interpellait. "Ils écoutent leur patron qui est un copain de Macron", conclut-elle.
À Royan, en Charente-Maritime, la permanence parlementaire de Pascal Markowsky, député RN, a également été la cible d'une action similaire des agriculteurs. Les opérations de nettoyage étaient en cours, ce vendredi matin, devant son local (voir photo ci-dessus).
À Rochefort, l'accès à la permanence du député EELV Benoit Biteau a été bloquée par des dépôts de fumier sur le trottoir et de la tôle ondulée déposée contre son entrée, selon des photographies diffusées par la FNSEA de la Charente-Maritime (voir publications Facebook intégrées ci-dessous).
À Saintes, la permanence du député socialiste Fabrice Barusseau a aussi été ciblée.
Dans une publication sur Facebook, les JA expliquent que leurs actions de la nuit dernière "exprim[ent] notre colère et notre épuisement". Ils précisent qu'avec le vote de la défiance et la chute du gouvernement Barnier, leurs "revendications incluses dans la loi PLFSS et PLF sont de nouveau repoussées !" Le vote met, selon eux, "dans la détresse l'ensemble de la profession agricole".
Deux-Sèvres et Vienne
Dans les Deux-Sèvres, la permanence de la députée Génération écologie, Delphine Batho, a, elle, été murée, selon les constatations de nos confrères de La Nouvelle République, qui précisent que, pendant leur action, les agriculteurs étaient "encadrés par des gendarmes qui ont régulé la circulation".
Les écologistes s'opposent aux accords de libre échange sans clause de protection de la qualité de notre agriculture, de la qualité de notre industrie
Lisa BellucoDéputée de la Vienne (EELV)
Dans la Vienne, les agriculteurs avaient annoncé, dès jeudi soir, sur les réseaux sociaux, qu'ils se rendraient devant la permanence parlementaire de Lisa Belluco, à Poitiers, ce vendredi matin.
Ils ont déversé des pneus usagers et du fumier devant sa permanence du quartier des Couronneries.
La députée a reçu une délégation qui juge son vote "irresponsable".
Je tiens à rester dans le dialogue.
Lisa BellucoDéputée de la Vienne (EELV)
"J'entends la colère des agriculteurs, je la comprends, a assuré Lisa Belluco. Les écologistes ont proposé dans leur niche parlementaire, et je leur ai dit, un prix plancher pour assurer une juste rémunération des agriculteurs. Ni le gouvernement de l'époque, ni les sénateurs n'ont estimé nécessaires de l'inscrire au Sénat. Pour l'instant, cette proposition de loi n'a pas de suite. Mais on s'est toujours préoccupé de la rémunération des agriculteurs et on continuera de s'y intéresser. On s'est opposé à l'accord entre l'Union européenne et le Mercosur. Les écologistes s'opposent aux accords de libre échange sans clause de protection de la qualité de notre agriculture, de la qualité de notre industrie."
"Je tiens à être dans le dialogue et je continuerai à l'être, a assuré Lisa Belluco. Même s'il y avait cette idée de rapport de force, on a vraiment eu un échange constructif."
Dans un communiqué, la FNSEA de la Vienne ajoute que le vote de la censure "met en péril les conditions de travail de nos agriculteurs, déjà confrontés à des défis énormes, et ajoute une nouvelle couche d'incertitude à un secteur déjà fragilisé par la crise".