Le navire est rentré après quatre mois au large du Groenland, avec à son bord des échantillons uniques provenant de sites jamais analysés auparavant.
Il revient d'un voyage de plusieurs milliers de kilomètres. Après quatre mois à naviguer sur la côte est du Groenland, le voilier Atka est revenu à la Rochelle, son port d'attache, pour faire analyser des échantillons uniques provenant des mers glacées.
Éviter les pièges de l'océan
L'expédition n'était pas une croisière sans danger. Dans les eaux parsemées de blocs de glace, le voilier ne dépassait que rarement les deux nœuds, soit moins de quatre kilomètres par heure. Pour faciliter sa navigation dans cette zone mal cartographiée, le pilote s'est appuyé sur des outils modernes pour déplacer l'Atka, qui signifie brise-glace en inuit.
"Avec les images satellites, on a pu voir au quotidien le déplacement de la glace qui vient du fond des fjords et des côtes du nord du Groenland. Ça change vraiment la donne," confirme Paul Marre, le capitaine du navire. Le skipper, déjà confronté à des mers glacées auparavant, a également pu se reposer sur son expérience.
Des échantillons uniques au monde
Et le voilier ne rentre pas les mains vides. L'équipage a ramené avec lui 250 échantillons prélevés sur place, dans des zones encore jamais étudiées de la sorte. "Les glaciers dans cette partie du Groenland sont en train de fondre de façon accélérée, s'inquiète Julie Lattaud, une scientifique à l'université de Bâle, en Suisse. Une des grosses questions, c'est ce qu'il va se passer et ce qu'ils vont émettre pendant cette fonte, par exemple du méthane, du protoxyde d'azote ou du carbone stocké pendant très longtemps. On ignore les conséquences sur les écosystèmes des fjords".
En parallèle, le personnel à bord a cartographié quatre fjords. "Nous sommes allés très proches des glaciers, se réjouit Matthieu Klitting, directeur de la fondation Témoins Polaires. Je me suis rendu compte de la taille immense de la calotte polaire du Groenland, mais aussi de sa fragilité, quand on voit tous les icebergs déversés dans l'océan". L'expédition scientifique devrait être renouvelée pour deux ans, et les premiers résultats des échantillons récupérés seront publiés dès le mois de décembre.