Les pêcheurs du port rochelais de Chef de Baie restent à quai. Ils ont rejoint le mouvement national "Filière pêche morte" lancé par le Comité National des pêches, pour protester contre une série de mesures qu'ils estiment néfastes pour la filière.
"Ils veulent nous fermer trois mois l'hiver, un mois l'été. Une entreprise, si tu enlèves le tiers de son chiffre d'affaires, ce n'est pas viable. Tu vas acheter un bateau, tu fais un prévisionnel, tu vas à la banque, et tu dis voilà, je voudrais acheter un bateau, mais pendant quatre mois, je n'aurais pas le droit de travailler. Le banquier, il va te regarder, il va te dire : Tu rigoles ou quoi ?!" Vice-président du comité des Pêches de Charente-Maritime, Romuald Coutanceau n'a pas pris la mer ce jeudi 30 mars. Comme l'ensemble des pêcheurs du port Rochelais de Chef de Baie qui ont rejoint le mouvement de protestation national.
La veille, ils ont tenu leur dernière criée avant de fermer pour deux jours, pour faire entendre leur colère, notamment après l'ordonnance du Conseil d'Etat le 21 mars dernier, exigeant la fermeture de zones de pêche dans le golfe de Gascogne afin de "garantir que l’incidence des activités de pêche dans le golfe de Gascogne sur la mortalité accidentelle des petits cétacés soit réduite à un niveau ne représentant pas une menace pour l’état de conservation de ces espèces". L'aboutissement de six années de mobilisation de l'association Sea Shepherd.
"Les ONG sont constamment en train de mettre des recours pour nous empêcher de travailler. Ils ne sont pas justifiés. C'est excessif. En fait, ce qu'ils veulent, c'est tuer la pêche.", proteste Pascal Glajean, Président FROM Sud-Ouest(Fonds Régional Organisation du Marché).
Natura 2000, autre sujet de colère
Les raisons de la colère des pêcheurs sont multiples. Prix des carburants, Brexit, et entrée en application du plan Natura 2000 en 2024, qui prévoit l'interdiction des chaluts de fond dans 87 zones sensibles situées au large des côtes françaises, espagnoles, portugaises et irlandaises.
L'ensemble de la filière se sent menacée par ces restrictions à venir, les pêcheurs estiment fournir des efforts suffisant pour la préservation de la ressource. Pour le directeur de la criée de La Rochelle, Pascal Bouillaud, "Les comités départementaux, locaux et nationaux ont mis en place des dispositifs. Là, on franchit un cap qui ne leur permet plus d'exercer de façon satisfaisante."
Le secrétaire d'Etat à la mer Hervé Berville est en visite aux Sables d'Olonne, en Vendée, ce jeudi matin.
De leu côté, les pêcheurs de Charente-Maritime ont mené une opération de sensibilisation auprès des automobilistes qui empruntaient le pont de l'île de Ré. Le mouvement "Ports morts" doit se poursuivre demain vendredi 31 mars.