Pour dénoncer les conditions de travail, une infirmière marche de Nantes au CHU de La Rochelle

Infirmière et réalisatrice, Raphaëlle Jean-Louis souhaite alerter sur les difficultés que rencontrent les soignants. Pour cela, elle s'est lancée dans un grand tour, à pied, des hôpitaux de France.

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Raphaëlle Jean-Louis est infirmière libérale. Après avoir travaillé en hôpital, elle a souhaité dénoncer les conditions de travail dans lesquels doivent évoluer les soignants. Pour cela, elle s’est lancée un pari fou : faire un tour des hôpitaux de France, à pied, accompagnée de son chien Pixel. De lundi 19 à vendredi 23 décembre, elle va relier Nantes à La Rochelle. Un bon moyen aussi de collecter des fonds dans une cagnotte en ligne afin de réaliser un long-métrage pour rendre compte de ce monde à part.

France 3 Poitou-Charentes : Qui est sur les routes ? La réalisatrice, l’écrivaine ou l’infirmière ?

Raphaëlle Jean-Louis. C’est l’infirmière qui est sur la route ! J’ai ma blouse, sous des vêtements chauds bien sûr. Mon objectif, c'est de faire parler de nos conditions de travail. Que ce soit les kinés, les infirmiers… les soignants en général. Bien sûr, il y a un peu aussi la réalisatrice qui veut absolument faire un long métrage pour raconter la vie des soignants.

Comment est née cette idée ?

J’aime beaucoup marcher, ça fait partie de moi. Quand j’étais petite, ma mère n’avait pas le permis. Je voulais faire quelque chose pour alerter sur le fait que nos conditions de travail ne changent pas. J’avais envie de faire ce tour des hôpitaux, mais je me disais que pour une femme seule ça pourrait être dangereux. En fait, j’ai découvert un compte instagram, en août dernier, debbraaworld, dans lequel Mehdi rejoint Paris à pied depuis l’Algérie. Dans un de ses posts, il a parlé des femmes pour les encourager à se lancer. Ça a été un déclic, je me suis dit que je pouvais le faire. Derrière, en deux semaines, je me suis organisée et j’ai fait ma première marche.

Comment on se retrouve aussi vite de jeune diplômée à un pèlerinage pour appeler au salut de l’hôpital ?

Ma maman était infirmière, j’ai toujours été bercée par ce milieu depuis toute petite, j’ai toujours vu des soignants et le système. J’ai ensuite été aide-soignante puis je suis devenue infirmière. Dès mes premiers stages, en 2010, j’ai vu les dysfonctionnements, ça m’a prise aux tripes. Quand j’en parlais, on me disait : "tu n’es qu'étudiante". Mais je ne supporte pas l’injustice, et je trouve que les conditions réservées aux soignants sont injustes.

Vous recevez des soutiens du monde soignant ?

Oui bien sûr ! J’ai beaucoup de retours. Une infirmière est même venue marcher avec moi lors de la dernière journée quand je reliais Nantes depuis Rennes. Des soignants me suivent et quand ils voient sur mes directs ou story que je ne suis pas loin de chez eux, certains m’ont même logée. 

Vous allez arpenter 138 km, comment cela va se passer d’un point de vue pratique ?

Je vais dormir sous la tente, je me suis beaucoup préparée. J’ai une couverture de survie. La météo hivernale va me pousser à changer un peu mon programme. Je vais marcher plus chaque jour pour me réchauffer. Je dois faire 27 km par jour. Je pars dans l’idée que je ne vais que dormir que sous la tente et puis je verrai, avec les directs, les storys, si des gens me proposent de m’héberger parce que je ne suis pas loin de chez eux. Pour l’alimentation, mon frère, qui fait des trails, m’a conseillé des barres protéinées. J’emporte aussi un réchaud, ça me servira à faire des soupes de pâtes, ce genre de choses. 

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