La direction de la Semat programme le retour progressif de ses salariés à partir de lundi pour atteindre le plein emploi fin avril avec 200 personnes sur le site de La Rochelle et une cinquantaine en télétravail. La CGT qui estime que cette reprise n'est pas justifiée, organise une action.
Ce lundi matin, la CGT a déployé une banderole devant le site pour dénoncer les conditions de reprise de l'activité.
Le reportage d'Eric Vallet et Pierre Lahaye.
C'est en partie, par ces mots que certains salariés de la Semat ont été appellés par courriel à reprendre le travail dés ce lundi 6 avril. La direction de cette entreprise spécialisée dans le montage de camions benne a bien l'intention de remettre la majorité de son personnel au travail d'ici la fin du mois d'avril.Il nous appartient maintenant de réamorcer rapidement le redémarrage de toutes nos activités si nous souhaitons redonner un avenir à Semat et à nos emplois. Chaque semaine d’arrêt coûte à l’entreprise 200.000 euros et poursuivre dans cette voie conduira à notre perte,
- Manuel Cournot, directeur général de la Semat.
Cette société basée à La Rochelle avait pourtant fermé le site de production le 18 mars pour cause d'épidémie de coronavirus.
Aujourd'hui vous avez beaucoup d'entreprises qui ne sont forcément déclarés d'utilité publique, et qui reprennent leurs activités. Vous prenez Alstom, Airbus, à partir du moment où la sécurité des personnels est assurée, il est demandé par le gouvernement de reprendre nos activités. Lundi, on va avoir quatre personnes sur le site qui vont reprendre et de 15 à 20 personnes en fin de semaine. C'est un plan graduel, le "full" emploi est prévu pour fin avril.
Une reprise en mode dégradé
La direction qui assure avoir élaborer un document de 40 pages consignant les mesures de sécurité, annonce que la reprise est prévue en mode dégradé. Elle estime que 200 personnes pourraient regagner leur poste de travail d'ici un mois, une cinquantaine de salariés seront en télétravail.Cette annonce a crée une onde de choc au sein du personnel selon la CGT.
Il y a des salariés qui me téléphonent et ils ont peur, ils ont la boule au ventre à l'idée de retourner sur le site,
- Stéphane Bobinec, délégué CGT Semat
Pression des actionnaires ?
Stéphane Bobinec ne décolère pas. Le délégué CGT de cette entreprise de 280 personnes dont 250 à La Rochelle estime que cette reprise n'est pas justifiée. "Nous n'avons pas pu constater que toutes les mesures de sécurité seront mises en oeuvre", s'insurge le délégué syndical.La direction affirme avoir pris en compte toutes les mesures préconisées par le gouvernement avant de demander le retour du personnel.On devait rester en confinement jusqu'à la fin du mois d'avril. On construit des bennes à ordures, seuls les techniciens assurant le dépannage des bennes étaient restés en activité pour répondre à l'urgence. Aujourd'hui la direction menace les salariés pour qu'ils aillent travailler, on a l'impression qu'elle a eu des pressions de la part des actionnaires pour que l'on reprenne. Elle fait du chantage en disant que l'entreprise fermera si on ne revient pas,
- Stéphane Bobinec, délégué CGT Semat
La CGT estime avoir été écartée des réunions de concertations malgré un délit d'entrave demandé par le syndicat. "C'est incroyable ce qui se passe avec l'état d'urgence" insiste le délégué syndical.On n'est pas dans une entreprise où on impose les choses, on est dans une logique de dialogue et de concertation pour préserver les emplois, 200 personnes reprendront le travail d'ici fin avril, dont 140 personnes sur le site de production mais toutes ne seront pas sur le site en même temps, il y a différentes équipes et le site a plus de 15 000 M2 donc on n'est pas en train de parler de 200 personnes qui sont enfermées dans un appartement de 100M2. On enlève les réfectoires, les machines à café, on met en place des mesures de sécurité,
- Manuel Cournot, directeur général de la Semat
On vient d'apprendre qu'un salarié qui pointerait en retard ne serait pas payé, et il doit rentrer chez lui. Ils sont postés en quart mais on leur a dit que ces quarts ne seraient pas payés, les entreprises profitent de l'état d'urgence pour enlever nos droits, ils font ce qu'ils veulent et en plus il faudra rattraper le retard,
- Stéphane Bobinec, délégué CGT Semat
Ce lundi matin, la CGT a déployé une banderole devant le site pour dénoncer les conditions de reprise de l'activité.