Depuis plusieurs semaines, les préfectures enchaînent les limitations provisoires d’usage de l’eau. Ceci afin de ne pas puiser dans des réserves déjà bien maigres. Nous sommes allés à Saint-Jean-de-Liversay dans deux exploitations agricoles de Charente-Maritime pour faire le point.
François et Loïc Avard sont éleveurs céréaliers, père et fil en pleine passation d’exploitation. Leurs 130 blondes d’Aquitaine sont aux pâturages depuis deux mois et l’effet de la sècheresse se fait déjà sentir.
"Cette herbe-là sert aussi à faire du foin", explique François Avard, le père."L’hiver dernier on a vidé les stocks dans les hangars, on n’a plus de stock de foin. Il va falloir en faire d’autres mais ça va être compliqué pour refaire les stocks qu’on avait l’année d’avant. On aura certainement un manque de 20 à 30% par rapport à l’année dernière".
Sur son site, la préfecture de la Charente-Maritime a mis en ligne une carte de la situation de ses bassins : une grande majorité du territoire est en situation d’alerte quand le bassin des fleuves côtiers de Gironde en rouge, pour une situation de coupure.
L’hiver n’a pas permis aux nappes phréatiques de se reconstituer. Aucune pluie en avril, seulement 60 mm en mai, le phénomène est plutôt rare dans le marais. "Juin et juillet seront décisifs. Et après, on avisera. Mais pour l’instant, on est assez inquiets quand même", témoigne Loïc Avard, le fils. Pour ces exploitants, il faudra sans doute avoir recours à des achats extérieurs, ce qui pourrait encore fragiliser cette exploitation.
Chez les irrigants, le contexte est similaire. Dans le sud du dérament de la Charente-Maritime, le manque d’eau est encore plus conséquent. Certains éleveurs proposent depuis longtemps des solutions, reportées ou refusées en Préfecture pour d’évidentes raisons écologiques. "Nous aurions pu stocker de l’eau sur toute la période d’hiver et le début du printemps, ce qui nous aurait permis qu’il n’y ait pas de souci d’irrigation future", défend Cédric Tranquard, éleveur laitier, irrigant et vice-président de la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime. "Il va nous falloir une réponse d’ici peu. On va voir, cette année va être cruciale pour ça."
La sècheresse concerne l’ensemble du territoire de l’ancien Poitou-Charentes, des pisciculteurs des Deux-Sèvres aux éleveurs de moutons dans le Sud Vienne.
Votre magazine Enquêtes de région se penche ce mercredi 24 mai après le Grand Soir3 sur "l’eau dans tous ses états", avec notamment un reportage dans le Marais poitevin et en Charente, à la source de l’eau minérale Jolival.