Le mercredi 14 juin, Valérie Dureisseix, infirmière libérale, a été violemment agressée par un patient. Un homme suivi pour des troubles psychiatriques qui l'a rouée de coup. Elle témoigne de sa peur et de sa colère.
C'était un jour comme les autres pour Valérie Dureisseix. Le mercredi 14 juin, elle part tôt faire sa tournée d'infirmière libérale à Rochefort, en Charente-Maritime. Elle exerce depuis 30 ans. Elle se présente au domicile d'un patient suivi pour des troubles psychiatriques. Il habite un appartement relais avec un autre malade. Il est suivi par le centre de soins de jour. Mais, ce jour-là, les choses ne se passent pas comme elles devraient. Valérie appelle le patient pour qu'il sorte de sa chambre. Pas de réponse. Elle renouvelle son appel. La suite, elle la raconte : "Il est sorti de sa chambre en furie. Il s'est jeté sur moi pieds et poings en avant, il m'a donné un coup de pied qui m'a fait plier en avant. Il m'a donné un coup sur la tête et je suis tombée sur la table de la salle à manger, j'étais en boule et il continuait à me taper dessus."
Il s'est arrêté d'un seul coup. Pourquoi ? Je ne sais pas. Heureusement qu'il s'est arrêté. J'ai eu de la chance qu'il se soit arrêté, parce qu'il aurait pu me rouer à mort.
Valérie Dureisseix, infirmière libérale
Après une visite à son médecin, elle obtient sept jours d'incapacité totale de travail et elle porte plainte.
Une semaine après, elle se remet lentement. "Physiquement, les bleus sont en train de partir. Psychologiquement, c'est un peu plus compliqué. C'est pour ça que je fais des démarches pour que ça se sache, j'ai l'impression que ça fait partie de la thérapie, c'est ce qui m'aide à récupérer."
"Ce qui est arrivé mercredi, c'est ce qui est arrivé il y a un mois à une infirmière de Reims, mais elle, elle est morte."
Il y a un mois, le 23 mai dernier, Carène Mézino, une infirmière de 36 ans du CHU de Reims a été mortellement poignardée par un malade, au sein de l'hôpital. Une secrétaire médicale a également été blessée.
J'ai de la chance d'être en vie pour me mettre en colère après ce dysfonctionnement institutionnel parce que je suis sûre que c'est ça le problème. Les malades, ils sont malades et s'ils sont pris en charge correctement, on n'en arrive pas là.
Valérie DureisseixInfirmière libérale
Ces dysfonctionnements dont elle parle, elle les a signalés, en vain, selon elle "ça fait un mois et demi qu'il y a des modifications de son comportement. On l'a signalé au centre de soin qui le prend en charge."
Un matin, il était habillé en treillis, le visage recouvert de cirage noir et il ne m'a parlé qu'en allemand. On l'a signalé, on l'a fait remonter, mais apparemment on ne nous a pas entendus.
Valérie DureisseixInfirmière libérale
Et même la veille de l'agression, il y a eu un incident : "L'équipe de soin de jour est venue lui rendre visite, il était agressif, il n'a pas ouvert la porte, il donnait des coups de poing dans la porte. L'équipe a fait un signalement pour demander un véhicule du SMUR pour l'hospitaliser, la psychiatre a répondu que ce n'était pas judicieux et qu'elle le verrait le lendemain en consultation."
Si les plaies physiques disparaissent peu à peu, le traumatisme psychologique, lui, est toujours bien présent et Valérie Dureisseix ne sait pas comment va se passer la suite. Elle appréhende les prochains jours.
Il va falloir repartir travailler, et là, je ne sais pas comment ça va se passer.
Valérie DureisseixInfirmière libérale
Voir le reportage de Pascal Foucaud, Stéphanie Schories et Sandy Renault.