Stéphanie Peronne habite sur l'île d'Aix (Charente-Maritime). Confinée avec ses deux grandes filles et sa mère, elle photographie chaque jour son île qu'elle a "hâte de voir revivre comme avant".
Au téléphone, la voix de Stéphanie Peronne est enjouée mais elle le concède, l'ambiance sur l'île d'Aix est "un peu lugubre voire oppressante" en ce moment. Restaurants, hôtel, boutiques de souvenirs et loueurs de vélo sont à l'arrêt, tout comme le musée Napoléon qui l'emploie en saison.On sort de six mois d'hiver où on a vu personne, et là c'est le printemps mais c'est désert.
"À cette période, les commerces devraient tourner plein pot, il devrait y avoir 20 bateaux par jour et 5.000 personnes sur l'île ; mais il n'y a que nous", soit un peu plus de 200 habitants au dernier recensement.
Deux bateaux par jour
Plus que le confinement, c'est surtout l'isolement que cette mère de famille dit avoir du mal à supporter. Sur ce caillou de 1,2 kilomètres carré situé au large de Fouras (Charente-Maritime), le bateau constitue le seul moyen de gagner le continent.Pour autant, elle ne céderait sa place à personne. Sa maison, située un peu à l'écart du bourg et où elle vit avec ses deux filles, offre un panomara sans aucune mesure. "D'un côté, Fort Boyard, de l'autre Fouras".
J'ai une chance incroyable d'avoir tous ces paysages. Je pense beaucoup à ceux qui sont confinés dans des immeubles.
- Stéphanie Peronne, habitante de l'île d'Aix
A chaque sortie, Stéphanie emporte son appareil photo et immortalise des paysages inédits qu'elle partage plusieurs fois par jour sur son compte Facebook. Les sentiers, les plages et le port sont désertés. "Il n'y a pas un bateau sur l'eau et personne sur le sable."
Je n'ai jamais vu mon île comme ça.
Entre quiétude et inquiétude
Ici aussi, l'arrêté préfectoral est de rigueur : les bains de mer sont interdits, la pêche à pied aussi. "Comme tout le monde, on fait très attention". Aix ne compte qu'une infirmière en permanence, et un médecin une fois par semaine. "Si jamais nous avons un cas de coronavirus, c'est le drame". La plupart des habitants ont plus de soixante ans.Malgré cette inquiétude collective, la vie des insulaires s'écoule dans le calme, un peu au ralenti. L'épicerie est ouverte le matin, la boulangerie aussi avec de nouveaux propriétaires : "heureusement d'ailleurs, ça met un peu de vie dans la rue quand on va chercher son pain le matin."
Un lézard alangui sur des marches d'escalier, un goéland montant la garde sur un ponton, à chaque fois Stéphanie sort son appareil. "L'autre jour, j'ai photographié des poules faisanes dans mon jardin, elles se sentaient complètement chez elles. "Malgré ce cadre idyllique et ses journées bien remplies, l'Aixoise dit avoir hâte de reprendre son travail au musée, de voir du monde et que l'île revive "comme avant."
Et de conclure l'entretien avec un brin d'ironie : "Pour un peu, je regretterais presque le bruit du bar de nuit à côté de chez moi."