Les 28 Etats membres de l'Union européenne se sont accordés mercredi sur les quotas de pêche dans l'Atlantique et la mer du Nord, après une nuit entière de négociations. Concernant la pêche récréative, la limite journalière pour le bar est ramenée à trois poissons par jour et par personne.
Les discussions entre les ministres de la pêche des 28 Etats membres de l'Union européenne sur les quotas de pêche et les Totaux admissibles de captures (TAC) ont été difficiles.
La nuit entière de négociations ce mercredi témoigne des difficultés grandissantes à respecter les objectifs de pêche durable fixées par les ministres eux-mêmes, d'ici 2020 (lire encadré, ci-dessous).
Pêche récréative : attention au bar
Pour les pêcheurs du dimanche, seule la pêche avec remise à l'eau est autorisée, tout au long de l'année, suscitant des réactions d'amateurs.
Concernant le stock Sud de bar, "la limite journalière est ramenée à 3 bars par jour par personne" à partir de 2018, précise un communiqué du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation.Mauvaise nouvelle pour la pêche récréative du bar en 2018 : seule la pêche no-kill est autorisée en Manche et Mer du Nord et prises réduites dans le golfe de Gascogne.
— ConfédérationCNP (@CNautisme) 13 décembre 2017
CP du Conseil européen sur les quotas de pêche 2018 - https://t.co/evyBlVKvU3
ça ne sert rien de taper sur la pêche récréative! (P. Chailloleau)
Jusqu'à présent, dans le domaine de la pêche récréative, une personne pouvait prélever jusqu'à 5 bars par jour.Pour le bar, la pêche récréative est encore restreinte avec seule la pêche avec remise à l’eau (no-kill) autorisée toute l’année. Pour le stock sud de bar, dans le golfe de Gascogne, la pêche de loisir devient aussi soumise à une limite quotidienne... https://t.co/6g7gfW0oE9
— Jean-Yves Le Cèsne (@JYLecesne) 13 décembre 2017
Surprise en Charente-Maritime
"Quand on pouvait pêcher 5 bars par jour, on ne les faisait pas!", réagit Philippe Chailloleau, ancien marin-pêcheur professionnel, désormais propriétaire d'un magasin d'articles de pêche à Saint-Pierre d'Oléron (17).
"Ca ne sert à rien de taper sur la pêche récréative", explique-t-il. "Il vaudrait mieux fermer certains secteurs pour permettre la reproduction des poissons."
Pour lui, le problème est venu des pratiques professionnelles.
Un marin pêcheur peut pêcher des bars mesurant 36 cm lorsque le particulier pratiquant la pêche de loisir ne peut pas prélever de bars de moins de 42 cm.
De son point de vue, le constat se révèle désormais sans appel : "Il est déjà trop tard", analyse-t-il.
"On a trop pêché. Il aurait été plus facile de se priver quand il y avait du poisson que maintenant qu'il n'y en a plus. Mais on ne regarde que le profit à court terme!"
Union européenne : un accord sur la pêche en Atlantique et mer du Nord
Les 28 Etats membres de l'UE se sont accordés mercredi 13 décembre sur les quotas de pêche dans l'Atlantique et la mer du Nord, après une nuit entière de négociations témoignant des difficultés grandissantes à respecter les objectifs de pêche durable d'ici 2020."Plus on se rapproche de 2020, moins nous sommes flexibles au moment où il faut respecter les rendements maximum durables", a expliqué le commissaire européen à la Pêche Karmenu Vella lors d'une conférence de presse.
Le Rendement maximum durable (RMD), soit la limite de pêche qui permet le renouvellement des espèces, est le principe directeur qui guide les négociations sur les taux de capture (TAC) dans les pêcheries européennes. La politique commune de la pêche prévoit que ce rendement s'applique à tous les stocks d'ici 2020.
En 2018, deux-tiers des stocks (soit 55 TAC) seront fixés à leur niveau de RMD, neuf de plus qu'en 2017.
"On dirait que les ministres commencent seulement à réaliser qu'ils doivent se conformer aux règles qu'ils ont eux-mêmes édictées", a réagi Björn Stockhausen, de l'ONG Seas At Risk.
La Commission s'est félicitée de pouvoir annoncer des augmentations des quotas de pêche sur plusieurs "stocks de valeur", comme la langoustine en mer du Nord mais aussi en mer d'Irlande et en mer Celtique (+15% à 29.091 tonnes), les chinchards dans l'Atlantique Nord, quatre stocks de sole et trois stocks de plie dans les eaux du Nord-Ouest.
Préserver les anguilles
L'UE a en revanche pour la première fois pris des mesures pour tenter de préserver les stocks d'anguilles. Les pêcheries devront fermer au moins trois mois consécutifs entre le 1er septembre 2018 et le 31 janvier 2019, au moment de la période de migration: il sera alors interdit de pêcher les spécimens de plus de 12 centimètres dans les eaux de l'Union et de ses voisins, y compris en mer Baltique.
Andrew Clayton, de l'ONG Pew Charitable Trusts, a déploré des mesures "affaiblies", alors que la Commission recommandait un moratoire complet.
Des restrictions supplémentaires s'appliqueront aussi pour la pêche du bar, déjà très encadrée pour cette espèce en difficulté, à la fois pour les pêcheurs et pour l'activité de loisir.
Seules certaines techniques de pêche seront autorisées dans plusieurs pêcheries, et une fermeture de deux mois est prévue au moment de la reproduction.
Pour les pêcheurs du dimanche, seule la pêche avec remise à l'eau est autorisée, tout au long de l'année.
"La France s'est efforcée de maintenir des possibilités de captures pour l'ensemble des métiers autorisés en 2017", a affirmé le ministre de la pêche Stéphane Travert.
Il a précisé que les ligneurs pourront débarquer 5 tonnes par an. Les tolérances de captures inévitables pour les fileyeurs et les chalutiers de fond sont quant à elles fixées respectivement à 1,2 tonne par an et 100 kg par mois.
Les quotas de soles ont été revus en hausse de 25% dans la Manche-est (3.405 tonnes) et de 6% (3.621 tonnes) dans les zones nord et central du golfe de Gascogne, et sont désormais exploitées au RMD.
En mer Celtique et alentours, les quotas reculent par rapport à 2017 de 11% à 6.910 tonnes pour l'églefin (la Commission avait proposé -34%) et de 19% à 22.213 tonnes pour le merlan. Les quotas pour le cabillaud ont été relevés de 9% à 3.076 tonnes (la Commission prônait le statu quo).
(AFP)