Les volontaires de "L'Hermione" font le bilan de leur incroyable aventure

De leur fabuleux périple, ils gardent nombre d'"images" et de "moments" inoubliables, mais aussi une meilleure connaissance d'eux mêmes : à Bordeaux, dernière escale de "L'Hermione" avant son retour à Rochefort, les volontaires de la frégate sont comblés de s'être surpassés.

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S'il ne devait conserver qu'une image de son voyage de quatre mois à bord de la réplique du bateau de La Fayette parti en 1780 soutenir les insurgés américains contre la Couronne britannique, Nicolas Massé, 44 ans, garderait celle-ci: "Une quarantaine de baleines nageant autour de L'Hermione à Cape Cod aux États-Unis". "Magnifique!".

Pour Aurore Le Vilain, 32 ans, qui a fait la traversée entre La Rochelle et Philadelphie, ce sont les moments passés seule sur "le violon", poste d'observation sur la proue, à "contempler la Croix du Sud", qui resteront gravés dans sa mémoire.

"Comblé !"

Pour les deux "gabiers", comme pour les quelque 150 autres volontaires (27 ans de moyenne d'âge) qui se sont relayés à bord, l'expérience vécue sur "L'Hermione" au terme de 11.000 miles en quatre mois, a forcément été hors du commun: "Je suis contente, au sens fort de contentement", témoigne Aurore, qui a quitté son "travail de bureau" comme traductrice à Montréal pour embarquer.

"Comblé", renchérit Nicolas, cordiste de profession, qui avait participé pendant quatre ans au chantier de construction à Rochefort (Charente-Maritime), avant de se porter volontaire "car je ne pouvais pas ne pas y aller".

Leur plus grande surprise à bord, malgré les semaines d'entraînement préalables? "Vous avez beau savoir que les voiles sont lourdes, vous vous rendez compte en naviguant qu'elles sont vraiment très lourdes", explique Aurore.
Il y a également le corps qui réagit, devient plus sec, plus nerveux: "On a pas mal maigri au retour", raconte Nicolas. "Il y a eu quelques restrictions, au cas où, en raison du mauvais temps que nous traversions. Mais, surtout, on dormait peu", témoigne-t-il.

"Confiance aveugle"

Autre expérience singulière, lorsque le passé a ressurgi sur le pont: "Dans les moments de navigation extrême, on sentait que les gestes que nous faisions étaient les mêmes que ceux des marins de La Fayette", explique Nicolas. "Pareil dans les moments de pétole. Il y avait une ambiance particulière : le calme, le soleil, le bateau qui grince. On imaginait bien comment cela devait taper sur la tête des marins de l'époque".

Les deux volontaires disent avoir bien accepté la hiérarchie imposée pour manoeuvrer le navire de 1.200 tonnes. Au fil des jours, "un sourcil levé et un autre froncé" sur le front du commandant Yann Cariou, "nous suffisait pour comprendre", explique Aurore, qui assure avoir eu une "confiance aveugle" en ce "génial" officier, "capable de partager un verre avec l'équipage, mais aussi de hausser  le ton quand nécessaire".

Les deux marins reconnaissent avoir dû parfois se surpasser. Au moment des très fortes dépressions du retour, "on ne connaissait pas les limites du bateau qui pouvait gîter très, très fort", explique Nicolas. "J'ai appris à être confiant dans l'inconnu", dit-il.

"Il y a eu plein d'amoureux à bord !"

Aurore, elle, a dû assumer son vertige après s'être retrouvée bloquée sous la hune. Finalement, "à la honte de rester sur le pont, j'ai préféré la trouille dans les haubans", résume-t-elle.

Après 27 jours de navigation depuis les Canaries, l'arrivée aux Bermudes, avant les États-Unis, a marqué les esprits. "C'était la concrétisation de la traversée de l'Atlantique!", raconte la jeune femme, car "lorsque tu es en bateau, il n'y a que sur la carte que tu sais que tu te déplaces".

Après la douzaine d'escales aux États-Unis et au Canada, puis une halte à Saint-Pierre-et-Miquelon, le retour en fanfare à Brest, il y a dix jours, a été particulièrement émouvant . "Quand est arrivé le moment de chanter sur le pont, on a pu se lâcher et laisser éclater notre joie", raconte Nicolas.

Pour la suite, "on va se reposer, mais on ne sait pas comment on va réagir" à la fin de l'aventure, admet le quadragénaire. Ce qui est sûr, "c'est qu'il y aura des mariages, il y a eu plein d'amoureux à bord!", lance Aurore en riant.
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