Ils ont organisé 109 lotos pour des associations...qui n'existaient pas

Trois personnes ont été placées en garde à vue pour l'organisation de jeux de hasard en bande organisée et escroquerie en bande organisée en Charente-Maritime.

Société
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L'affaire débute courant septembre 2021, lorsque le service central des courses et jeux de la direction centrale de la police nationale est informé qu'un individu, demeurant dans l'est du département de Charente-Maritime organisait de nombreux lotos sous couvert d'associations caritatives qui n'auraient aucune activité réelle.

Selon Benjamin Alla, procureur de la République de Saintes, les premières investigations établissent que l'intéressé était effectivement président de plusieurs associations régulièrement déclarées et qu'il s'appuyait sur deux sociétés d'animation pour l'organisation matérielle des lotos.

Il est rapidement apparu que les différentes associations au profit desquelles ces lotos étaient organisés, n'avaient aucune activité réelle correspondant à leur objet social humanitaire, médical ou social. Ainsi, les fonds récoltés ne servaient pas au financement d'actions en la matière.

Ainsi, sept associations étaient identifiées dont les présidents étaient respectivement soit le principal mis en cause, soit les deux gérants des sociétés d'animations mandatées pour l'organisation des lotos. Enfin, l'examen du compte Facebook à partir duquel une publicité était assurée mentionnait, pour certaines dates « lotos organisés au profit de différentes associations » sans autre précision.

109 lotos organisés entre juin 2021 et mai 2022 dans le sud et l'est du département de Charente-Maritime ainsi qu'en Charente

Les investigations bancaires ont démonté que plus de 410.000 € ont été crédités sur les comptes des différentes associations depuis leur création intervenue entre 2018 et 2020. Il était par ailleurs confirmé qu'aucune action caritative en lien avec leur objet social n'était organisée, ni financée par ces associations.

L'étude de la comptabilité des associations a permis d'établir qu'une part importante des fonds perçus étaient réinvestis dans l'organisation des lotos ultérieurs à raison d'un montant d'environ 10.000 € par loto (acquisition des lots, location des salles, publicité...). Les fonds récoltés étaient également détournés pour financer l'addiction au jeu de l'un des mis en cause qui aurait dépensé plus de 200.000 € dans les casinos de la région et pour payer des individus sur des sites de rencontres pour l'autre des mis en cause. L'argent permettait aussi de financer le train de vie quotidien des intéressés (achats alimentaires notamment).

Toujours selon le procureur de la République, les organisateurs des lotos avaient passés des accords avec au moins une grande surface pour bénéficier de bons cadeaux au regard des nombreux achats effectués par les associations, bons détournés pour le profit personnel des mis en cause.

L'ensemble de ces éléments ont été corroborés par les écoutes téléphoniques et les surveillances réalisées par les fonctionnaires du service central des courses et jeux. Était ainsi mise au jour une organisation particulièrement rodée entre les mis en cause dans la tenue des lotos en lien avec la création préalable d'associations fictives.

Les trois mis en cause ont été placés en garde à vue le 16 mai :

  • l'homme de 58 ans visé par le renseignement initial ;
  • un homme de 37 ans, originaire de Charente et demeurant dans le sud du département de Charente-Maritime, organisateur d'un certain nombre de lotos et gérant d'une des deux sociétés d'animation ;
  • une femme de 64 ans, originaire et demeurant dans le sud de la Charente-Maritime, gérante de l'autre société d'animation et cousine de l'homme de 37 ans. Elle sera relâchée à l'issue de sa garde à vue.

Ces trois personnes possédaient un casier judiciaire vierge.

11.000 € étaient saisis par le parquet dans le temps de la garde à vue ainsi que du matériel de jeu de type boulier professionnel. Les deux hommes ont été déférés au parquet ce mercredi dans le cadre d'une ouverture d'information judiciaire. Ils ont été mis en examen par la juge d'instruction du chef d'escroquerie en bande organisée et de réalisation d'opération de jeux d'argent et de hasard prohibés en bande organisée.

Ils ont été placés sous contrôle judiciaire.

Les investigations se poursuivent sous l'autorité de la juge d'instruction de Saintes, désormais saisie du dossier.

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